Il fallait éviter le mot
qui fâche. Il y a un mois, la réforme des retraites était indispensable à
l'équilibre du régime, essentielle pour notre crédibilité financière. Et
pourtant, écoutez bien, quand le Président parle des priorités de son
quinquennat, y a comme un oubli.
"Ne jamais perdre la cohérence du projet que vous avez choisi en avril dernier. C'est un projet qui passe par une industrie et une agriculture plus puissante, (...) des investissements d'avenir, (...) un projet de progrès sociaux, en particulier pour notre école et notre santé, un projet écologique, de sécurité et de justice, mais aussi un projet responsable, c'est-à-dire crédible et financier", a déclaré Emmanuel Macron lors de son allocution à l'issue des élections législatives.
La rigueur budgétaire pour les
Républicains et pour le parti d'Édouard Philippe, les investissements d'avenir
pour LaREM, la sécurité et la Justice pour le RN, la santé, l'éducation,
l'environnement pour la Nupes... 10/10. Mais, il n'y a pas la
"mère de toutes les réformes", la réforme des retraites.
De cette absence, on en déduit que c'est la réforme qui a le plus de plomb dans l'aile. Celle qui est déjà enterrée sans les honneurs. Et c'est un clou de plus sur le cercueil d'Élisabeth Borne.
Hier, mardi 22 juin, la Première Ministre qui est censé conduire la politique du gouvernement, diriger la majorité et débattre des lois à l'Assemblée... Élisabeth Borne a été oubliée en gare, débordée par le TGV Macron. Elle était pourtant arrivée à Matignon avec sa casquette de technicienne du ministère du Travail, capable de conduire très vite la réforme des retraites. On devait débuter les discussions en septembre et appliquer la réforme à l'été 2023. Dimanche, le rejet de la réforme des retraites était dans les urnes. Hier, elle avait disparu.
Cette absence est choquante, parce que le Président promet un
projet crédible et financé. Pas de hausses d'impôts et pas de dette
supplémentaire. Mais comment sans la réforme des retraites ? Emmanuel Macron annonce une série de mesures
très couteuses : la loi d'urgence sur le pouvoir d'achat, une augmentation des
moyens pour l'École et l'Hôpital, des investissements d'avenir... Mais comment
fait-il pour équilibrer les comptes ?
Si vous écoutiez Bercy il y a
quelques semaines encore : la réforme des retraites était la solution pour équilibrer les comptes
et surtout dégager entre 15 et 20 milliards d'excédents par an dans les
prochaines décennies.
Pour financer des
réformes couteuses - la loi pouvoir d'achat coutera plus de 10 milliards - vous n'avez pas 36 solutions. Soit vous
augmentez les impôts, soit vous creusez la dette - et avec la remontée des
taux directeurs des banques centrales, notre dette va s'alourdir toute
seule -, soit vous avez une croissance qui met du vent dans les voiles. Et là,
pas de chance, le gouverneur de la Banque de France nous disait hier sur RTL que la croissance serait moins forte que prévu, l'inflation plus modeste,
le pouvoir d'achat moins important, la consommation en berne et le chômage un
peu plus élevé dans les mois qui viennent ! Dans ces conditions, oublier les
retraites, c'est naviguer à vue en termes de trajectoire financière.
Logiquement, c'est normal de ne pas parler des retraites quand on veut construire une coalition, non si on veut éviter
de se fâcher. Mais, est-ce que le discours du
Président hier était doucereux, diplomatique, rassembleur ? Pas du tout. Il explique qu'il a
été élu sur un programme et que le parlement, bon gré mal gré, va devoir
l'appliquer parce que c'est le souhait des électeurs. Emmanuel Macron prend les
citoyens à témoin et tord le bras aux députés en leur laissant deux jours pour
trouver un moyen de travailler ensemble.
Ça n'est pas du tout un message
d'apaisement !
Mais pourquoi
n'assume-t-il pas les retraites alors ? Parce que la réforme n'est pas
fixée, parce qu'il n'y a plus personne pour la conduire, parce qu'elle ne
passerait pas à l'assemblée, parce que les syndicats (y compris la CFDT) se
sont radicalisés et parce que les 2/3 des Français n'en veulent pas.
Hier soir, Emmanuel Macron était un
Président qui n'était plus majoritaire à l'assemblée nationale, mais il était
surtout un Président minoritaire dans tout le pays sur la question des
retraites.
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