La première bonne nouvelle est en provenance directe du Canada. Le leader mondial de la production de graines de moutarde dresse un bilan plutôt positif de ses récoltes, après une année 2021 marquée par la sécheresse - à l'origine de l'actuelle pénurie. Ainsi, 115.000 tonnes de graines devraient sortir de terre avant la fin de l'année au pays des Caribous, qui fournit, en temps normal, 80 % de la matière première nécessaire aux fabricants français de moutarde.
Les petits pots jaunes devraient ainsi faire leur grand retour dans les étals des supermarchés dès l'automne. Seul hic : le coût de ces grains de moutarde. La très forte tension créée sur le marché par la pénurie, ainsi que l'augmentation des frais de transport de marchandise, les prix risquent de s'envoler ! Aussi, les producteurs ne prévoient un réel retour à la normale qu'en 2023.
La seconde bonne nouvelle vient de Dijon, le bastion français de la moutarde. Confrontés à cette pénurie, les cultivateurs bourguignons de graines ont décidé de relocaliser leur production. Et ils ont déjà plus que doublé le nombre de graines plantées cette année : 10.000 plans ont été mis en terre contre 4.000 l'an passé. Objectif : être moins dépendant du Canada et produire davantage que 20 % de la matière première.
"Les problèmes canadiens ont relancé toute l'importance de la filière en Bourgogne", a souligné Fabrice Genin, président de l'Association des producteurs de graines de moutarde de Bourgogne (APGMB), auprès de l'AFP. Car, si la culture locale des graines de moutarde avait fait la réputation de la région de Dijon depuis le Moyen-âge, une multiplication des attaques d'insectes, couplée à une interdiction de certains produits phytosanitaires, a divisé la production par trois en quatre ans. Ainsi, de 12.000 tonnes en 2017, les moutardiers sont passés à 4.000 tonnes en 2021, alors même que les besoins des industriels sont estimés à 35.000 tonnes/an.
Cette relocalisation a toutefois un prix. Le cours de la tonne de la graine de moutarde s'est envolé en Bourgogne aussi : de 900 € en 2021, les moutardiers offriront 2.000 euros aux producteurs l'an prochain pour les inciter à cultiver davantage - l'objectif étant de passer à 15.000 tonnes en 2023. Ce prix devrait toutefois permettre aux industriels de rentrer dans leurs frais, notamment en compensant le coût du fret depuis le Canada.
Le pot de moutarde devrait donc bien faire son retour dans les étals des supermarchés, et ce, "dès le mois d'octobre" et "la pénurie va totalement disparaître début 2023", prévoit Luc Vandermaesen, directeur général de "Reine de Dijon", troisième producteur français de moutarde. Mais à quel prix ?
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