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Législatives : qu'est-ce que "la courbe de Laffer", la théorie économique qui a déstabilisé Marine Tondelier ?

Lors d'un débat sur BFMTV entre les principaux partis en lice au second tour des législatives, la chef de file des écologistes Marine Tondelier a été mise en difficulté par une question sur "l'effet Laffer", une théorie économique libérale controversée.

La chef de file écologiste Marine Tondelier sur BFMTV mercredi 3 juillet

Crédit : BFMTV

HORS-SÉRIE LENGLET-CO - Trop d'impôt tue-t-il vraiment l'impôt ?

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Benjamin Hue

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La séquence était au coeur des discussions politiques sur X (Twitter) ce jeudi 4 juillet. Au cours de l'émission Face à BFM, la secrétaire nationale d'Europe-Ecologie Les Verts Marine Tondelier - révélation de la gauche lors de la campagne d'entre-deux-tours des législatives anticipées - a semblé prise de court par une question de l'éditorialiste Nicolas Doze sur la refonte du barème de l'impôt sur le revenu, qui prévoit notamment l'instauration d'une quatorzième tranche à un taux marginal de 90%, l'une des mesures phares du programme du Nouveau front populaire. 

"Est-ce que vous ne craignez pas un 'effet Laffer'?", demanda le journaliste. "C'est-à-dire ? Que les gens partent ?", lui répondit la dirigeante écolo, visiblement peu familière avec ce concept. "Non, non, 'l'effet Laffer', ç'a d'ailleurs été validé par des économistes qui vous sont proches, comme Thomas Piketty, Gabriel Zucman, Emmanuel Saez, ça veut dire qu'on sait qu'à un moment, si on met des impôts trop élevés, on finit par avoir une recette qui baisse. C'est ça 'l'effet Laffer'", expliqua-t-il alors.

"L'effet Laffer" convoqué par l'éditorialiste fait référence à la "courbe de Laffer" formalisée par l'économiste américain Arthur Laffer, ancien conseiller du président Ronald Reagan au début des années 1980. Cette théorie aurait été griffonnée pour la première fois en 1974 par l'économiste libéral sur un coin de nappe lors d'un dîner avec Donald Rumsfeld, alors chef de cabinet de la Maison blanche, et son adjoint Dick Cheney pour démontrer la limite de l'efficacité de l'imposition des revenus.

La théorie : trop d'impôt nuirait aux recettes fiscales

La courbe de Laffer entend démontrer que la hausse des taux d'imposition se traduit par une baisse des recettes de l'État au-delà d'un certain seuil qui supprime l'incitation au travail et tarit la création de richesses. Elle est souvent représentée sous la forme d'une parabole inversée pour illustrer que des taux d'imposition très bas et très élevés génèrent moins de recettes fiscales que des taux modérés. 

Exemple de courbe de Laffer

Crédit :

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Comme l'expliquait l'éditorialiste de RTL François Lenglet dans un épisode de "Lenglet-Co Hors-Série" l'an passé, lorsqu'un impôt est jugé trop confiscatoire par le contribuable, ce dernier envisage des solutions pour y échapper. Les plus aisés peuvent recourir à l'exil fiscal dans un autre pays, quand les plus précaires peuvent renoncer à produire davantage, voire ne plus travailler de manière déclarée. En résumé, trop d'impôt nuirait à la croissance.

Un concept libéral qui n'a pas vraiment été prouvé dans les faits

La courbe de Laffer est régulièrement mentionnée par des économistes libéraux ou des militants sur les réseaux sociaux pour critiquer la politique fiscale des gouvernements. Mais elle n'a jamais été vraiment validée de façon empirique

Si certains exemples historiques tendant à l'accréditer, comme la politique de baisse des impôts de Reagan dans les années 1980, voire la "flat tax" française sur les revenus du capital, cette théorie reste contestable, dans la mesure où elle repose sur l'idée simplifiée que les recettes fiscales dépendent uniquement du niveau d'imposition et ne prend pas en compte les autres facteurs sociaux, politiques, économiques et culturels qui les influencent. Les détracteurs de la courbe de Laffer soulignent à ce propos que les pays scandinaves affichent par exemple des niveaux d'imposition parmi les plus hauts au monde sans subir les conséquences prêtées à ce concept.

La thèse est aussi contestée par des économistes comme Thomas Piketty, qui a relevé dans une étude publiée en 1998 que l'introduction d'une nouvelle tranche d'imposition à 65% pour les hauts revenus en France dans les années 1980 n'avait pas conduit à une réduction de l'offre du travail ni à une baisse des recettes fiscales.

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