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"L'État n'a plus rien à faire du monde agricole" : dermatose nodulaire, Mercosur... Pourquoi la colère des agriculteurs pourrait s'intensifier

Mobilisés sur la question de la dermatose nodulaire, les agriculteurs pensent également au possible accord de libre échange avec le Mercosur, alors que l'Union européenne doit étudier le sujet à partir du 18 décembre. Une manifestation est d'ailleurs prévue à Bruxelles.

Des personnes tenant des bottes de paille devant des tracteurs lors d'une manifestation organisée par la FNSEA et les JA contre la concurrence déloyale et l'accord de libre-échange avec le Mercosur.

Crédit : BASTIEN OHIER / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

Romaric Cayet & Marine Langlois

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Le monde agricole s'embrase de nouveau en France. Alors que des blocages sont en cours principalement dans le Sud-Ouest pour contester l'abattage systématique des troupeaux touchés par la dermatose nodulaire, cette nouvelle mobilisation réveille les peurs sur le traité commercial avec le Mercosur. Les 27 États membres de l'Union européenne doivent se prononcer sur ce sujet lors du Conseil européen, prévu le 18 décembre à Bruxelles. 

L'accord prévoit notamment l'importation dans l'UE de 100.000 tonnes de bœufs traités aux hormones et le double de tonnes de sucre. Des mesures inacceptables pour les agriculteurs qui se font déjà entendre, comme à Arras, dans le Pas-de-Calais. 

Ce samedi, sur un rond-point, autour d'un immense feu, les 150 agriculteurs présents ont tous en tête, en plus de la dermatose, le Mercosur. Pour Mathieu, éleveur dans le Pas-de-Calais, les deux dossiers se rejoignent. C'est l'avenir de la filière bovine qui se joue. 

"De toute façon, ça va réduire le cheptel français, puisque c'est ce que nos politiques veulent. On fout en l'air le bétail français pour pouvoir faire rentrer de la viande étrangère pour justement notre Mercosur, non ?", témoigne-t-il au micro de RTL. 

Une marche prévue à Bruxelles

En plus des éleveurs, les céréaliers sont aussi mobilisés. Benoît cultive des pommes de terre, de la betterave sucrière et des céréales. Avec le Mercosur et les importations, il a peur que les prix soient tirés vers le bas. "Si c'est acté, c'est quand même le pire. Et là, on veut encore ramener Brésil, Argentine, Uruguay. Il y a un moment, c'est top. On nous parle de baisser de 10 euros la tonne les betteraves l'année prochaine. C'est bien, c'est en froid des betteraves en dessous du coût de production. C'est très bien, je pense que ça va péter", termine-t-il.

L'idée est de mettre la pression sur le gouvernement avant la signature. Stéphane Bleuzé, le président de la Coordination Rurale du Nord, l'affirme : "Beaucoup d'agriculteurs autour de nous aujourd'hui se disent que l'État n'a plus rien à faire du monde agricole. Comment on va pouvoir surmonter ça si ce n'est pas au moins suspendu ?" Le syndicat appelle d'ores et déjà un rassemblement ce lundi à Boulogne-sur-Mer.

Une marche est prévue à Bruxelles le 18 décembre, en marge du Conseil européen. La Commission européenne voudrait obtenir le feu vert des États membres avant un sommet du Mercosur au Brésil le 20 décembre. Avant de se prononcer, les Vingt-Sept attendent toutefois un vote du Parlement européen le 16 décembre sur des mesures de sauvegarde destinées à rassurer les agriculteurs, vent debout contre ce traité.

Au micro d'Europe 1, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard a déclaré ce dimanche que "les exigences que posent la France sont loin d'être acceptées. Et, un accord qui expose nos agriculteurs n'est pas possible". 

Lors d'une rencontre, mercredi 12 novembre, à Toulouse avec des agriculteurs, le président Emmanuel Macron a également affirmé sans ambiguïté que la France s'opposerait fermement au projet d'accord entre l'UE et le Mercosur dans sa forme actuelle, selon la ministre de l'Agriculture.

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