Bruno Le
Maire, le ministre de l’Économie, dit qu’il faut arrêter de faire peur aux
français. Sur
le plateau de BFMTV, il a dit en avoir marre d’entendre
tout le monde expliquer partout que les prix allaient à nouveau augmenter dans
les supermarchés à partir du mois de mars. Qu’il fallait arrêter de parler
d’inflation, que les choses allaient s’améliorer.
Bruno Le Maire reconnait toutefois que c'est dur en citant le chiffre de l’INSEE dans l’alimentation : +12%
sur un an. Mais ce que dit le ministre, c’est que si les prix sont hauts, il n’y
a pas de raison qu’ils s’enflamment dans les semaines qui viennent. Vous avez peut-être entendu
cette expression de mois de "mars Rouge", que l’on doit à notre collègue,
l’expert conso Olivier Dauvers. Il intervient dans le quart d’heure pouvoir d’achat
chez Julien Courbet entre 9h et 9h15. C’est l’idée que le mois de mars serait
un mur d’inflation. Eh bien ça, ça énerve Bruno Le Maire, il n’y croit pas, il
dit, ce n’est pas la réalité.
Si tout le monde se focalise sur le mois de mars, c’est parce que le 28 février à minuit, on arrive à la fin de ce qu’on appelle les négociations commerciales. C’est un rendez-vous annuel entre d’un côté, les industriels, les marques, genre coca-cola, Ferrero et Madrange et de l’autre, les distributeurs, Carrefour, Leclerc et Système U. Ces négociations n’ont qu’un seul but. Fixer les prix de tous les produits en rayon pour une année entière. On appelle ça des négociations, mais elles se font à couteaux tirés.
Et cette année plus que jamais,
les industriels vont tout faire pour augmenter leurs prix. Seul moyen, disent-ils, de préserver leurs marges face à leurs couts de production qui
augmentent. À cause des salaires, de l’énergie et du prix des matières
premières.
Les remontées de terrain de
l’Ilec, le lobby des grandes marques… 45 milliards de chiffre d'affaires, ce sont des demandes de hausse de prix de 12% en moyenne dans l’alimentaire.
Même en négociant très bien, la grande distribution ne fera pas tomber ce chiffre à 0. Donc les prix
vont augmenter, pas forcément de façon brutale dès le mois prochain, encore
moins dans la nuit du 28 février au 1er mars… Mais ils vont
augmenter. On peut s’attendre à un étalement sur les 4 prochains mois. C’est
comme ça que ça s’était passé l’an dernier. De toute façon, on pourra le
vérifier grâce à notre panier RTL.
Ce qu’on aurait pu prendre pour
un coup de gueule, n’était en fait qu’un coup de communication. Ce qu’il faut entendre dans le
discours de Bruno Le Maire, c’est "ça pourrait être pire". D’ailleurs, il glisse sans arrêt
dans l’interview que le chômage en baisse, que les prévisions de croissance restent positives et donc qu’on va éviter une récession. Il a raison, ce sont
de bonnes nouvelles. Mais ça n’empêchera pas le prix des œufs, du café ou des
pâtes d’augmenter dans les prochains mois.
Il dit en revanche
que l’inflation va baisser cet été. Ce sont les prévisions de l’Insee. Après attention, les mots ont un
sens. Une inflation qui baisse, ça veut dire des prix qui continuent
d’augmenter. Ils augmentent juste moins vite. Quand le ministre montre les
perspectives, les Français regardent leur ticket de caisse !
Le problème surtout, c'est que
Bruno Le Maire ne propose rien. Après avoir mis une cartouche au panier anti-inflation que propose sa ministre Olivia Grégoire hier, après avoir soutenu une
loi qui limite les promos en janvier, il s’est contenté d’annoncer une réunion
avec les industriels et les distributeurs dans les prochains jours.
Objectif : leur demander de faire des efforts. C’est très léger.