1. Accueil
  2. Actu
  3. Eco Conso
  4. ÉDITO - Pourquoi les câbles transcontinentaux sont au cœur d'un bras de fer entre la Chine et les États-Unis
3 min de lecture

ÉDITO - Pourquoi les câbles transcontinentaux sont au cœur d'un bras de fer entre la Chine et les États-Unis

Les États-Unis et la Chine se livrent à une guerre au fond des mers, autour de gigantesques câbles transcontinentaux. Ces câbles représentent un enjeu stratégique et géopolitique.

Joe Biden et Xi Jinping
Joe Biden et Xi Jinping
Crédit : MANDEL NGAN, Noel CELIS / AFP
LENGLET-CO - Les câbles transcontinentaux sont au cœur d'un bras de fer entre la Chine et les États-Unis
00:03:42
LENGLET-CO - Les câbles transcontinentaux sont au cœur d'un bras de fer entre la Chine et les États-Unis
00:03:42
François Lenglet - édité par Sarra Djeghnoune

La guerre que se livrent la Chine et les États-Unis se joue aussi au fond des mers, autour de gigantesques câbles transcontinentaux. Figurez-vous que le fond des océans de la planète est strié par plus de 430 câbles de télécommunications

Il y en a pour 1,4 million de kilomètres de fibres optiques sous-marines, 35 fois le tour de la terre, immergées à des profondeurs qui peuvent atteindre plusieurs milliers de mètres. Des infrastructures essentielles, car 95% de l’internet y transite, ainsi qu’une part des transactions financières internationales – 10.000 milliards de dollars par jour. Inutile de dire que c’est du très haut débit, sur les plus puissants, il peut circuler l’équivalent de trois fois la bibliothèque du congrès américain par seconde. Chacun d’entre nous les utilise sans le savoir, car il est tout à fait possible qu’un e-mail entre Brive-la-Gaillarde, en Corrèze, et Romorantin, en Sologne, passe par San Francisco ou Singapour. 

Enjeux stratégiques et géopolitiques

Ces câbles sont devenus un enjeu stratégique, parce que les posséder, c’est contrôler le trafic, en permettre le développement et en assurer la sécurité. Et c’est pour cela que ça occasionne des conflits. Il y a quelques jours, la Chine a claqué la porte d’un gigantesque projet appelé SeaMeWe, un câble de quelque 20.000 kilomètres qui doit relier Singapour à Marseille d’ici 2025, via le Moyen-Orient. 

Elle se retire parce que son champion, Hengtong, a été éliminé du contrat au profit d’une entreprise américaine. Hengtong a repris les activités de câbles de télécoms sous-marins de Huawei, et l’entreprise est accusée d’espionnage par les États-Unis. C’est l’un des épisodes qui illustre le bras de fer que se livrent les deux super-puissances pour le contrôle des infrastructures de télécommunications. 

Les enjeux sont très importants. Celui qui maîtrise les infrastructures peut éventuellement les couper, par mesure de rétorsion lors d’un conflit. Il peut aussi plus facilement espionner. Et il possède un instrument d’influence. La Chine multiplie d’ailleurs les lignes sous-marines en Asie et entre l’Asie et l’Europe dans le cadre de ce qu’elle appelle les routes de la soie numériques, qui prolongent les vastes infrastructures de transport maritimes et terrestres qu’elle développe entre l’Asie et l’Europe depuis dix ans. Elle possède par exemple le câble appelé Peace 

Vers la partition d'un réseau internet mondial

À écouter aussi

En 2020, l’administration américaine a affiché son objectif de disposer d’un réseau de télécoms international "propre", c’est-à-dire dépollué de l’influence chinoise. Côté américain, ce sont les Gafa qui sont à la manœuvre, les Google, Microsoft ou Facebook qui déploient leurs propres câbles, avec la bénédiction de Washington. En fait, on s’oriente peu à peu vers la partition du réseau internet mondial : une zone d’influence américaine avec ses infrastructures spécifiques, notamment sur les liaisons transatlantiques, et une zone d’influence chinoise.

 
L’Europe en tant que telle compte les points, j’allais dire comme souvent. Mais pas la France, il faut le noter. Orange, ex-monopole, détient 25 000 kilomètres de câbles sous-marins. L’entreprise est d’ailleurs partie prenante de plusieurs grandes liaisons transcontinentales. Et les Français possèdent aussi des navires spécialisés capables de surveiller l’état de ces précieuses connexions, voire d’intervenir pour les réparer. 

La rédaction vous recommande
À lire aussi

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

S’abonner à la Newsletter RTL Info