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Industrie navale : "Nous sommes à la merci des Chinois", estime François Lenglet

La filière maritime et navale a profité, le 5 novembre, des Assises de la mer pour tirer la sonnette d'alarme sur la provenance de nos navires. Bien que l'Europe possède de nombreuses compagnies de transport maritime, elle s'incline devant la Chine.

Un navire qui installe des câbles de télécommunication, dans la mer Baltique.

Crédit : Heikki Saukkomaa / Lehtikuva / AFP

Industrie navale : "Nous sommes à la merci des Chinois" estime François Lenglet

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C’est un cri d’alarme que la filière maritime et navale française a poussé à La Rochelle le 5 novembre, à l’occasion des Assises de la mer : la moitié des navires commerciaux qui circulent sur les mers du globe sont faits en Chine, et 70% des navires en commandes le sont auprès des chantiers navals de l’Empire du Milieu, les premiers du monde.

Alors que l’Europe possède les plus grandes compagnies de transport maritime, et en particulier le Français CMA-CGM, nous sommes à la merci des Chinois. Le domaine maritime a un enjeu de souveraineté considérable : à la fois civil, 80% du commerce mondial passe par les mers, et militaire, pour la construction et l’entretien des vaisseaux de la marine.

L'Europe s'incline, depuis 50 ans, devant la concurrence du Japon d’abord, puis de la Corée du Sud, et désormais de la Chine. L’Europe ne compte plus que pour 3% des commandes de navires, pour l'essentiel concentrées dans les niches : les bateaux de pêches, les paquebots, les ferries, et les yachts de luxe, en France, en Italie et en Allemagne.

Quid de la France ?

Il y a, en France, des chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire. Néanmoins, tous les grands navires, les porte-conteneurs, les pétroliers, les vraquiers sont faits en Asie. CMA CGM vient ainsi de commander dix super porte-conteneurs et va les mettre sous pavillon français. Cela est déjà méritant considérant le fait que cela coute plus cher, à cause des charges sociales. Cependant, pour la commande industrielle : pas le choix, c'est la Chine. Emmanuel Macron, s’exprimant aux assises de la Mer, a fait un beau discours vague, en appelant "à agir avec beaucoup de force".

Afin de lutter contre ce phénomène, il est possible de s'inspirer de Donald Trump. Le président des États-Unis a décidé de reconstruire l’industrie navale américaine, complètement délabrée. Il avance un argument simple : en cas de conflit militaire, celui qui gagne n’est pas celui qui a la flotte la plus importante, mais celui qui peut la reconstruire le plus vite. Il faut donc des chantiers.

La stratégie américaine

Donald Trump déploie une politique intelligente, faite à la fois de contraintes et d’incitations. Premièrement, il taxe tous les navires faits en Chine qui accostent aux États-Unis, quelle que soit la nationalité de leur pavillon, pour dissuader les armateurs d’acheter en Chine.

Il a également monté une administration spécifique, chargée de "revamper" les trois chantiers qui ont survécu, dont les prix de revient sont aujourd’hui 4 à 5 fois supérieurs à ceux de Pékin. Enfin, il a monnayé, avec la Corée du Sud, des droits de douane abaissés en contrepartie d’un investissement de 150 milliards de dollars fait par les chantiers navals coréens aux États-Unis. Du grand art.

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