C'était l'un des enjeux de l'année 2022 : préserver les stocks de gaz français, pour s'assurer de passer l'hiver sans crise énergétique, malgré la guerre en Ukraine. Un objectif rempli, notamment grâce aux précautions du gouvernement face aux tensions avec la Russie, mais aussi à une consommation en gaz plus faible, favorisée par les températures clémentes et la hausse des prix.
Ironie du sort, la France a désormais "trop" de gaz. Alors que les stocks sont "historiquement bien remplis", avec un niveau de 80% de leur capacité relevé le 15 janvier, ceux-ci vont devoir être "un peu" vidés, a annoncé ce mercredi 18 janvier à l'AFP Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz, gestionnaire du réseau de transport de gaz. Selon le leader européen du transport de gaz, les stocks doivent à présent "respirer", car ceux-ci n'ont été remplis qu'à 55% de leur capacité en moyenne ces 6 dernières années.
"Les contraintes techniques des stockages français leur imposent […] une respiration pour conserver leurs performances pour les hivers à venir. Une baisse significative du niveau de remplissage est donc à prévoir dans les semaines à venir", explique GRTgaz dans sa note. Les stocks pourraient alors descendre à un niveau plus proche de 60 %, "une baisse significative, mais qui a lieu tous les ans", explique encore Thierry Trouvé.
D'après le directeur de GRTgaz, cette formalité serait imposée aux fournisseurs de gaz, "qui ont un niveau maximal de quantité de gaz à ne pas dépasser à une certaine date, donc il faut qu’ils prennent leurs dispositions pour les vider suffisamment", afin de garantir les capacités de stockage, a-t-il précisé. Et d'ajouter : "On peut s’attendre dans les prochaines semaines qu’ils en sortent un peu plus des stockages et qu’ils en fassent venir un peu moins", a-t-il ajouté.
Mais il s'agit également de préserver les capacités de stockage. Car en France, le gaz naturel est principalement stocké dans des nappes aquifères, une couche perméable de sous-sol imbibée d'eau. Or ce type de stockage a besoin de se vider et de se remplir régulièrement pour maintenir de bonnes performances techniques au gaz, notamment en termes de débit, indique l'Agence France-Presse.
Le gaz russe représentait 17 % du gaz consommé en France avant le conflit. Le pays a dû recourir l’année dernière à des apports de gaz acheminés par gazoduc depuis la Norvège et en gaz naturel liquéfié (GNL), convoyé par bateau, pour remplir ses réserves, et participer à l’approvisionnement de l’Europe, notamment de l’Allemagne, très dépendante du gaz russe.
Forts de ces "approvisionnements soutenus", les stockages français ont été économisés à la faveur des "températures clémentes jusqu’à la mi-novembre" et des efforts de sobriété, qui se sont traduits par une "baisse de consommation" de 12,8 % entre le 1er août et le 15 janvier.
Si bien que GRTgaz juge "très improbable" le "risque d’un déficit de gaz en volume" sur le reste de l’hiver en France, même s’il persiste un "risque résiduel sur quelques jours" en cas de grand froid et de baisse des approvisionnements.