Encore une journée
noire à la bourse hier, Paris perdant près de 4%, à cause des craintes sur les
banques. C’est en effet Crédit Suisse, l’une des principales banques helvètes,
qui s’est effondrée. Crédit Suisse est une banque malade depuis des années,
quittée par ses clients, et délaissée par son principal actionnaire, qui a
annoncé hier ne plus vouloir remettre d’argent au pot. Le problème, c’est que
le Suisse a entraîné par le fond les cours de bourse des autres établissements
bancaires européens, des Français en particulier, qui sont pourtant en bonne
santé.
Un malade peut entraîner les bien portants pour deux raisons. D’abord, si le malade meurt, il va laisser des
ardoises chez les bien portants, avec lesquels il traite quotidiennement. Du
coup, les investisseurs se débarrassent des actions des bien portants aussi,
par précaution.
Plus important encore, les boursiers raisonnent comme les moutons de Panurge, qui sautent tous du bateau en même temps, par mimétisme, sans réfléchir. Reprenons. A quelques jours d’intervalle, plusieurs banques sont en crise de liquidité, en Amérique d’abord, on en parlait lundi, en Europe hier. Donc c’est tout le secteur bancaire qui est malade, donc on vend toutes les banques. Et tant pis si c’est exagéré, car quand on est boursier, il vaut mieux avoir tort avec tous les autres qu’avoir raison tout seul.
Formellement nos banques ne sont pas en risque. Elles ont des réserves financières très importantes,
beaucoup plus qu’en 2008, avant la dernière crise financière.
Toutefois, le souci de nos banques c'est que dans les moments de panique, le montant des
réserves n’a plus guère d’importance. Car la peur n’est pas rationnelle, elle
provoque des ventes massives et la méfiance généralisée. C’est pour cela que
les autorités financières américaines ont nationalisé les établissements
concernés en Californie, en garantissant tous les dépôts. Et c’est ce que va
faire le gouvernement suisse avec sa banque malade. Dans ces moments-là, seuls
les états, aux moyens réputés illimités, peuvent faire baisser la fièvre et
rétablir la confiance. C’est que feront les gouvernements européens si la
contagion s’étend. C’est ce qu’ils avaient fait en octobre 2008, à l’initiative
de Nicolas Sarkozy.
On n'est pas à la veille d'une crise comme en 2008, mais on n’en est pas loin. Le problème de fond, c’est la brutale remontée des taux d’intérêt, de part et d’autre de l’Atlantique, pour lutter contre l’inflation. Ça déséquilibre complètement l’économie et le système financier, qui étaient habitués à l’argent gratuit, à taux zéro.