Voilà dix ans, la banque Lehman Brothers faisait faillite, déclenchant la grande crise financière. Cette semaine sur RTL, Xavier Musca, qui était alors à l’Élysée, racontait la gestion périlleuse de la crise en France. La semaine dernière, c’est Dominique Strauss-Kahn, ex-patron du FMI, qui estimait que le monde n’était pas préparé à une nouvelle explosion. Alors a-t-on tiré les leçons de la crise ?
Au plan bancaire, oui. Au moins en partie : le système bancaire mondial est plus robuste qu’il y a dix ans, parce qu’il a constitué un matelas de réserves 3 à 5 fois plus épais qu’avant. Mais une crise ne se reproduit jamais au même endroit.
Il y a donc un nouveau risque, toujours le même : l’extraordinaire croissance de la dette dans le monde. Elle atteint aujourd’hui 250.000 milliards de dollars, ça fait plus de trois fois le PIB de la planète, et c’est davantage qu’avant la crise.
Or, des dettes aussi importantes ne sont pas tenables. Elles ne le sont qu’à la faveur de taux d’intérêt incroyablement et exceptionnellement bas. Il y aura donc une explication, c’est-à-dire un moment où les débiteurs les plus fragiles, des États ou des grandes entreprises, ne pourront plus assumer le fardeau. Le système financier sera alors à nouveau en péril, c’est inévitable.
Laisser les dettes s’accumuler était une façon de guérir l’économie mondiale de la crise des subprimes. Avec la dette, on imaginait relancer l’activité, à crédit. En fait, la crise de 2008 était causée par un excès de dette, et on a voulu la guérir avec un surcroît de dette. C’est-à-dire qu’on n'a fait que repousser l’échéance.
Ne jetons pas la pierre à ceux qui ont mise en œuvre cette stratégie anti-crise, c’était probablement la seule possible à l’époque. Mais elle a eu plusieurs inconvénients. Un, elle n’a fait que faire grandir encore l’édifice branlant de l’endettement mondial, particulièrement en Chine, qui est littéralement soufflée par la dette, mais aussi en Europe, avec des dettes publiques qui ont progressé de plus d’un tiers.
Deux, elle a fait monter la bourse et l’immobilier, augmentant les inégalités entre ceux qui détiennent du capital et les autres, ce qui n’est ni bon pour la morale, ni pour la croissance, ni pour la stabilité politique de nos pays. Trois, c’est une fuite en avant qu’on ne sait pas très bien interrompre. Aux États-Unis par exemple, la croissance actuelle est en grande partie alimentée par un nouveau sursaut de la dette fédérale, initiée par Donald Trump.
Une nouvelle crise financière est très probable, un jour ou l’autre, peut-être dans plusieurs années seulement. Personne ne peut la dater avec précision. Et il faudra se débarrasser des dettes accumulées.
Or, il n’y a que deux moyens pour le faire : l’inflation, qui réduit peu à peu le poids relatif du fardeau puisque tous les revenus grimpent, ou le défaut, c’est-à-dire la faillite des États et des entreprises les plus exposées.
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