ÉDITO - Armement : "La grande gagnante est l'industrie française", dit François Lenglet
Ce mardi 14 mars, François Lenglet revient sur le business florissant des armes en Europe, en raison du conflit en Ukraine. La France tire son épingle du jeu.
Les achats d'armes par les pays européens ont progressé de 93% en 2022. C'est la région du monde qui a vu la plus forte augmentation, selon le SIPRI, l'Institut international de recherche sur la Paix de Stockholm. Et c'est bien sûr l'Ukraine qui concentre la plus grosse partie des livraisons, le pays étant devenu le troisième importateur d'armes en 2022.
Hors Ukraine, les achats ont quand même bondi de 35%, avec de grosses commandes au Royaume-Uni et en Norvège notamment, ainsi que dans les pays limitrophes de la Russie. C'est en effet la crainte de l'Ours russe, avivée depuis l'invasion de l'Ukraine, qui a provoqué ce sursaut.
Ailleurs dans le monde, sur les cinq dernières années comparées aux cinq précédentes, c'est l'Asie-Océanie qui est la première région importatrice d'armes. Elle reçoit 41% des flux mondiaux. Il s'agit en particulier de l'Inde, premier importateur mondial, du Japon (+171% pour les achats de l'Archipel) - il est vrai que la base de départ était faible - de la Corée du Sud (+61%) et de l'Australie. Ces quatre pays s'équipent pour contrer la menace chinoise. En Europe, c'est l'agressivité russe qui inquiète ; en Asie, ce sont les menaces chinoises et, à un degré moindre, celle de la Corée du Nord. Chaque région a son méchant.
Les ventes déclinent en Afrique, particulièrement en Afrique subsaharienne avec une diminution de 23%, qui s'accompagne pourtant d'une montée en puissance du fournisseur russe, au détriment de la Chine. Une influence russe que la France subit également en Afrique sur le plan politique. Pour le reste, la part du Moyen-Orient reste considérable, avec l'Arabie Saoudite, deuxième importateur mondial derrière l'Inde. Les Saoudiens ont avalé 10% des ventes d'armes sur la planète durant les cinq dernières années. Et il ne faut pas oublier le troisième acheteur planétaire, le Qatar, avec une hausse de 311% sur la période 2018-2022.
Qui fabrique et vend toutes ces armes ?
L'Amérique, et de loin, est le premier fournisseur, dont les positions se sont plutôt renforcées, à cause des livraisons massives à l'Ukraine. Les États-Unis effectuent 40% des ventes mondiales. En pleine déconfiture, la Russie est numéro 2 et a perdu un tiers de sa part de marché pour arriver à 16%. Il y a deux raisons à cela : d'abord les sanctions internationales limitent son business. Et surtout, la Russie consomme désormais elle-même ses propres armes, sur le front du Donbass, à la fois les munitions, les missiles, les chars... Et la grande gagnante du retrait russe est l'industrie française.
C'est même l'un des très rares secteurs industriels où la France s'améliore à l'export. La part de marché mondiale de la France a progressé de plus de moitié, pour se situer désormais à 11%. Parmi nos gros clients, l'Inde, qui avale 30% de nos exportations. Paris est désormais le second fournisseur de New Dehli. Mais nous fournissons aussi le Qatar, l'Égypte, les États-Unis, et même la Chine pour 8% de ses approvisionnements.
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