ÉDITO - "Il n’y a jamais eu autant d’individus fortunés sur terre", constate François Lenglet

Une géographie de la richesse des individus sur la planète publiée le 4 juin par Capgemini, une société de conseil, dévoile un monde qui change, parce qu’elle reflète l’évolution de la croissance dans les différentes zones de la planète.

Premier constat, il n’y a jamais eu autant d’individus fortunés sur terre, le riche étant défini comme celui qui dispose d’un million de dollars placés, c’est-à-dire environ 900.000 euros, en plus de sa résidence principale. Ils sont 23,4 millions, et leur nombre a augmenté en 2024 de 2,6%. Quant aux ultra riches, possédant plus de 30 millions de dollars de patrimoine, leur nombre a progressé encore davantage, de 6,2%.

L’augmentation la plus forte, selon cette étude, se situe aux États-Unis, avec 560.000 personnes fortunées en plus en 2024, soit une augmentation de 7,6%.

Quels pays ont enregistré des augmentations de personnes fortunées ?

Il y a près de 8 millions de millionnaires aux États-Unis. C’est un tiers de la totalité des riches sur la planète, alors que le PIB américain pèse pour un quart du PIB mondial.

À l’origine de ces chiffres, c’est bien sûr la santé éclatante de Wall Street, la bourse américaine, en 2024, elle-même reflet de l’innovation et de la croissance, en particulier dans le secteur de la technologie. Autre gagnant, l’Inde, la star de la croissance parmi les grands pays, avec une augmentation de 5,6%. Même performance au Japon, où la bourse s’est réveillée après un long sommeil de 35 ans. L’Asie Pacifique progresse au total de 2,7%, la région du Golfe également.

Dans quelles parties du monde le nombre de personnes fortunées diminue ?

En Europe, on calcule une baisse de 2,1%, avec le bonnet d’âne pour l’Allemagne qui recense des pertes de 41.000 millionnaires. La France en perd de son côté 21.000, et le Royaume-Uni 14.000. Même le Luxembourg en a perdu 3.500, soit une baisse de 7,5%. L’Europe baisse ainsi parce qu’elle est en croissance zéro ou à peu près. Côté boursier, ça n’a pas été très flambard non plus.

Pourtant, il est intéressant de noter que le nombre de super riches en Europe continue à progresser, parce que leur patrimoine est largement investi aux États-Unis. Une autre zone rouge est la Chine, avec une diminution de 1%, à cause, encore, d’une croissance faible par rapport à d’habitude.

Si on additionne tous les patrimoines de ces 23 millions de terriens, on arrive à la somme fabuleuse de 80.000 milliards d’euros, c’est à dire pas loin d’une année de PIB mondial. Plus des deux tiers de cette somme devraient changer de main dans les 20 ans qui viennent, selon Capgemini, à cause des successions. Ce sera le plus gros héritage de tous les temps, celui d’une génération, les baby-boomers, qui auront bénéficié de conditions boursières et immobilières exceptionnellement bonnes pour s’enrichir.