Il est vrai que l’on explique souvent le vote par la situation économique. Le vote protestataire proviendrait d’un mal-être économique, de la montée du chômage, de la disparition des aides ou des services publics.
Ce n’est pourtant pas du tout ce qui s’est passé en Pologne le 1er juin 2025, quand un ancien boxeur a été élu président du pays, Karol Nawrocki, également ex-hooligan de football, sans aucune expérience et admirateur de Trump. Il représente une droite conservatrice, antieuropéenne. Celui-ci a battu Rafał Trzaskowski, le Macron local, maire de Varsovie, centriste et pro Bruxelles.
Tout cela arrive alors que la Pologne a connu une sorte de miracle économique sur les 20 dernières années. En 2024, la croissance était de 2,9%, elle sera à plus de 3% cette année (pour rappel, nous sommes en France à 0,7%). De plus, le chômage, à moins de 3%, est le plus faible d’Europe.
Le niveau de vie d’un Polonais calculé par l’OCDE est désormais voisin de celui d’un Japonais, tout cela après 20 ans de croissance continue qui ont permis de doubler la richesse produite dans le pays. Ce n’est pas tombé du ciel, le pays a été malin, en jouant de ses faibles salaires il y a 20 ans et d’un niveau d’impôt sur les sociétés assez modeste, pour attirer les investissements étrangers, en particulier ceux du voisin allemand, qui a délocalisé là-bas.
En fait, la Pologne, entrée dans l’Union européenne en 2004, est le modèle de l’intégration réussie. En réalité, les motivations du vote populiste ne sont jamais économiques. En Pologne, c’est d’abord l’immigration, ukrainienne en particulier, massive depuis l’attaque de la Russie. Il y a un million de réfugiés ukrainiens en Pologne, autant qu’en Allemagne, c’est-à-dire 20 fois plus qu’en France, pour une population deux fois moindre.
Cela cause une peur de voir le pays disparaître, à cause de l’intégration européenne, à cause du déclin démographique qui frappe le pays depuis une vingtaine d’années, comme la plupart des pays d’Europe orientale naguère communistes, où la fécondité s’est effondrée.
Le pays peut dont être prospère et inquiet pour l’avenir. On avait déjà vu cela en Europe du Nord, au Danemark, en Suède ou en Finlande, les pays les plus riches du continent, où l’extrême droite a connu des succès électoraux impressionnants. À l’origine, toujours la même crainte, l’immigration, la disparition de la société et de la culture nationale à cause de l’effacement des frontières. Une crainte que les partis traditionnels, de gauche comme de droite, ignorent superbement, en la considérant – à tort – comme arriérée. C’est la raison de l’essor du vote qu’on appelle populiste.
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