ÉDITO - "Il faut que la France ait le même taux d'emploi que ses voisins" pour boucler le budget 2026, selon Martial You

À cinq jours des annonces sur le budget 2026, François Bayrou a présenté, jeudi 10 juillet, l'objectif de revenir à 4,6% de déficit. Une annonce pivot qui structure le budget et qui pourrait permettre au gouvernement d'économiser 40 milliards d'euros. 

L'année 2024 s'est achevée avec un déficit de 5,8% du PIB et, l'an prochain, le Premier ministre entend donc réaliser 1,2% d'économies, soit entre 35 et 40 milliards. Il s'agit d'un effort inédit en 50 ans de projets de loi de finances.

En faisant une année blanche, l'État peut espérer sauver 15 à 20 milliards d'euros. Cela signifiera donc ne revaloriser aucune prestation sociale, geler le barème des impôts et faire rentrer quelques milliers de ménages dans l'impôt sur le revenu. Pour compléter et aller chercher les 20 milliards d'euros qui restent, François Bayrou souhaite "produire plus". 

Le locataire de Matignon ne parle d'ailleurs pas de repousser l'âge légal de départ à la retraite et dit la même chose que les syndicats opposés à la réforme. Il souhaite ainsi envoyer un signal à la gauche pour éviter la censure du budget.

Diminuer le chômage des jeunes et des séniors

En réalité, il faut que la France ait le même taux d'emploi que ses voisins pour générer des rentrées fiscales supplémentaires, c'est-à-dire que le maximum de personnes en âge de travailler aient un métier.

Le taux d'emploi en France est aujourd'hui inférieur de 8 points à celui de l'Allemagne. Cela signifie que les jeunes Français et ceux de 60 à 64 ans travaillent moins que les autres. Ce niveau a progressé de 4 points depuis 2009 grâce au report de l'âge de départ.

En Allemagne, ce taux a augmenté de 7 points sur la même période. En suivant cet exemple, on pourrait ajouter un million et demi de salariés, ce qui générerait plus de 100 milliards d'euros par an selon le Conseil d'Orientation des Retraites. On aurait alors résolu la question du déficit.

Pour atteindre cette situation, l'État peut encourager le cumul emploi-retraite et ne pas débrancher les aides à l'apprentissage qui font entrer les jeunes sur le marché du travail. Pourtant, le gouvernement fait l'inverse. On risque ainsi de manquer de carburant pour réussir à augmenter les taux d'emploi.

Pour y arriver, il faut de la croissance. Or, elle patine à 0,5 ou 0,6%. Le chômage remonte au rythme des faillites d'entreprises qui progressent depuis quelques mois. Autrement dit, le diagnostic est bon, le traitement est presque sans douleur, mais, pour l'instant, c'est le timing qui est mauvais.

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