Des milliers de scénaristes américains se sont mis en grève ce mardi 2 mai 2023 en raison de l'échec des négociations avec les principaux studios et plateformes portant notamment sur une hausse de leur rémunération.
C'est le premier mouvement social contre l’intelligence artificielle et ses conséquences sur l’emploi. Bien sûr, les auteurs veulent une meilleure rémunération pour les histoires qu’ils écrivent et qui servent de base aux séries télévisées et aux films américains d'Hollywood.
Les discussions là-dessus ont achoppé avec les majors du cinéma, les chaînes de télévision et les plateformes de streaming. Mais les revendications portent aussi sur la garantie d’employer un nombre minimum d’humains pour la création.
La Guilde des Écrivains d’Amérique, la WGA, syndicat professionnel qui compte plus de 11.000 membres, demande qu’une production ait désormais l’obligation d’employer un nombre fixe de scénaristes, qui serait proportionnel à la durée de la fiction envisagée, qu’on en ait besoin ou pas.
Les employeurs ont refusé de discuter d’une telle proposition. Ce qui conforte le syndicat dans la crainte que l’industrie du cinéma est en train de se débarrasser d’eux, pour en faire des précaires ou pour les remplacer par des systèmes d’intelligence artificielle comme Chat GPT, qui sont parfaitement capables d’écrire un scénario ordinaire.
La plupart des productions utilisent déjà l’intelligence artificielle, mais surtout pour générer des images virtuelles ou raccourcir leur processus de fabrication, qui peut être extrêmement long.
En février, Netflix a déclenché une tempête en diffusant un film d’animation fait pour partie grâce à l’intelligence artificielle. La WGA demande donc de "réguler l’utilisation de matériel produit par l’intelligence artificielle ou d’autres technologies voisines", pour interdire la génération de scénarios faite ainsi.
Ces systèmes sont capables de créer une fiction assez rudimentaire aujourd’hui, mais des séries rudimentaires, ça ne manque pas sur les plateformes. On en voit même, faites par des humains qui pourraient être améliorées par la machine. Même sans parler du scénario, les studios travaillent à utiliser l’intelligence artificielle pour le doublage et le sous-titrage des films, un marché de plus de deux milliards d’euros selon le Wall Street Journal.
Les acteurs eux-mêmes commencent à s’inquiéter. Car ces machines permettent de faire ce qu’on appelle des deepfakes, c’est-à-dire des vidéos reproduisant parfaitement le physique, la voix, l’attitude de telle ou telle personnalité. Une possibilité qui ouvre de belles bagarres juridiques sur la propriété de ces images. Un Brad Pitt de synthèse doit-il coûter aussi cher au studio que le vrai ?
Il n'est pas exclu que les studios entrent dans un bras de fer, car ils commencent à surveiller leur rentabilité. Au moment du confinement, la croissance d’un Netflix a été telle, en nombre d’abonnés, tout comme celle de Disney, que les milliards partaient à la production sans retenue. C’est fini.
Au premier trimestre 2023, Netflix n’a progressé que de 1,7 million d’abonnés, quatre fois moins que dans la période dorée. Et le cours de l’action a été divisé par deux, tout comme celui de Disney, qui a supprimé 7.000 emplois. En retombant sur la terre, ces entreprises redécouvrent la vertu du contrôle de gestion. Et elles mettent la pression sur leurs coûts, ceux des scénaristes et ceux des acteurs.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte