Augustin Trapenard sur RTL : "Comme Amine Kessaci, Roberto Saviano, l'auteur de 'Gomorra', sait que s'opposer au narcotrafic a un prix"

Ce samedi 22 décembre, auront lieu des marches blanches, dans toute la France, en hommage à Mehdi Kessaci, victime du narcotrafic. L'occasion de se replonger dans l'œuvre de Roberto Saviano, vivant sous protection policière depuis 20 ans, pour avoir décrit et dénoncé le système du narcotrafic dans son livre et sa série Gomorra. 

Des manifestations pacifistes, sans slogans ni pancartes, seulement des marches silencieuses. Une réponse puissante face à la tragédie frappant cette famille et la violence du narcotrafic, de nos jours. Un système invisible, infiltrant le quotidien des gens et imposant un "régime de la peur", comme le soulignait le journaliste et écrivain italien, Roberto Saviano. Il n'y a rien de plus fort que d'occuper l'espace public, la rue, et d'exposer publiquement ce type de crime organisé. 

"Vous ne pouvez pas rester impassible. Vous ne pouvez pas rester lâche et immobile". Roberto Saviano, auteur du livre et de la série Gomorra, sait, comme Amine Kessaci, que s'opposer au narcotrafic a un prix. Depuis presque 20 ans, l'écrivain est sous protection policière et menacé de mort pour avoir écrit et dénoncé un système s'infiltrant dans tout le territoire. 

Retourner le silence et se le réapproprier

Une marche blanche est une façon de reprendre le territoire aux trafiquants, même si c'est pour une courte durée. Ils exposent le drame et le démystifient. Avec Gomorra, Roberto Saviano a fait la même chose, ce qui lui vaut la haine de la mafia napolitaine, la Camorra. Il montre bien comment les trafiquants sont élevés, par un certain nombre de jeunes, au rang de héros, de modèles de réussite par l'argent, par le pouvoir et lui, il vient contredire ce discours. Il s'échine à montrer la réalité. Les marches blanches de demain, qu'est-ce qu'elles vont nous montrer : le nom, le visage, l'histoire d'un jeune garçon et de sa famille qui ont été sacrifiés. 

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Roberto Saviano a dit qu'on se refusait en France à employer le mot de "mafia" alors que c'est bien de cela dont on parle. Cette mafia que certains auréolent encore de mystère ou même de glamour. Une marche blanche est une marche silencieuse. Roberto Saviano, dans Gomorra, montre que tout le système du narcotrafic repose sur le silence : l'omerta, l'intimidation ou encore la résignation. Faire une marche silencieuse, c'est retourner le silence. Faire du silence un outil citoyen au lieu d'en faire un outil criminel. C'est dire : "On ne se tait plus comme vous voulez qu'on se taise".