ÉDITO - Grèce, Espagne... Passer par une grave crise peut aider la France à rétablir ses comptes après avoir "dépensé comme une furie", explique François Lenglet

"Nous pouvons remercier nos amis grecs de nous aider à résorber le déficit." Ces mots à peine croyables ont été prononcés il y a deux jours par Philippe Juvin, député (Droite Républicaine) et rapporteur du budget à l’Assemblée nationale.

Ce que dit l'élu est pourtant parfaitement exact : la Grèce, qui nous doit de l’argent, vient de rembourser par anticipation plus d’un milliard d'euros dû dans les années 2030. Déjà en 2023, le pays avait aussi anticipé sur ses échéances en remboursant la France.

Nous avions prêté près de 12 milliards d'euros à Athènes lors de la grande crise que le pays a connue, au début des années 2010. Depuis, nos situations respectives se sont inversées.
 
Un indicateur en témoigne, c’est ce que l’on appelle le solde budgétaire primaire, c’est-à-dire avant le paiement des intérêts de la dette. La Grèce est en excédent primaire. Autrement dit, si elle n’avait pas de dette, son budget serait largement excédentaire. Alors qu’en France, le même indicateur affiche un déficit de plus de 100 milliards d’euros.

Une grave crise peut-elle aider à rétablir les comptes d'un État ?

Mais comment un pays qui était au fond du trou a-t-il pu effectuer un tel redressement ? D'abord, via une phase d’austérité qu’on ne peut souhaiter à personne. En six ans, à partir de 2008, son PIB a chuté de 30%, et les dépenses de l’État ont été violemment sabrées. Résultat, les salaires et les pensions ont baissé.

Le pays est donc reparti de beaucoup plus bas, avec un niveau de vie amoindri et des conditions dures. Aujourd’hui, il remonte et on voit même une forme de réindustrialisation.
 
De quoi laisser penser que passer par une grave crise peut aider à rétablir ses comptes ? C’est en tout cas ce qui s’est passé en Europe. L’autre exemple est l’Espagne, elle aussi victime d’une grave crise à la même époque que la Grèce, elle aussi assainie.

Lundi, la banque d’Espagne a publié ses prévisions de déficit et l’année prochaine, ses comptes seront meilleurs que ceux de l’Allemagne… Une situation impensable il y a quinze ans. Le pays connaît même la croissance la plus élevée de tous les pays développés.

Le classement de la vertu budgétaire en Europe a été complètement chamboulé avec au plus haut aujourd’hui, ceux qu’on appelait "les pays du club Med" et qu’on ne jugeait pas très sérieux : Grèce, Espagne et Portugal. L’Allemagne, naguère la plus rigoureuse, se prépare au contraire à creuser son déficit, notamment pour se réarmer et rénover ses infrastructures.

Tout en bas du tableau, la France, qui a dégringolé, ayant dépensé comme une furie sans même avoir investi, puisque nous nous endettons pour financer nos dépenses sociales, la santé et la retraite principalement.