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3 min de lecture
Un bulletin de salaire (illustration)
Crédit : PHILIPPE HUGUEN / AFP
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En cette période d'inflation, le gouvernement exhorte les entreprises à augmenter les bas salaires. Des chiffres troublants témoignent cependant de ce qu’on appelle "la trappe à bas salaires", c’est-à-dire le fait que le système français de charges sociales interdit littéralement les augmentations pour un salarié payé au Smic. Il suffit d’un chiffre pour le comprendre : lorsqu’un employeur veut augmenter de 100 euros nets l'un de ses salariés payé au Smic, il doit débourser 483 euros de plus chaque mois. Autre façon de le dire, le coût du travail payé par l’employeur pour ce salarié augmente de 28%, alors que la rémunération nette, ne progresse que de 6%.
Ces 483 euros de surcoût mensuel se décomposent en plusieurs postes. Le premier, le plus important, est l’augmentation de charges sociales, qui est de 228 euros. Pour une augmentation de 100 euros par mois, l’employeur doit payer 228 euros de charges supplémentaires. C’est énorme et ça s’explique par le fait que les salaires au niveau du Smic sont presque totalement exonérés de charges.
Mais l’exonération de charges est dégressive à mesure que le salaire s’élève au-dessus du Smic. C'est-à-dire qu'à partir de 100 euros au-dessus du Smic, l’employeur paye davantage de charges sur la totalité du salaire. La facture est donc deux fois et demie supérieure à l’augmentation nette. Le reste du surcoût s'explique par 53 euros d’augmentation de charges et de CSG payées par le salarié. 78 euros proviennent de la diminution de la prime d’activité, ce complément de salaire versé par l’État aux basses rémunérations.
Bien sûr si le salaire augmente, le complément est moindre. Si l’employeur veut donc augmenter le salaire de 100 euros nets réels, il doit compenser. Ajoutez à cela 23 euros d’impôt sur le revenu, puisque c'est le seuil de revenu à partir duquel on est imposé. Vous additionnez les charges employeurs, les charges employés, la compensation de la prime d’activité plus faible, et l’impôt sur le revenu qui apparaît, vous obtenez le chiffre de 483 euros par mois de surcoût pour l'employeur.
Si l’employeur se limite à augmenter le salaire de 100 euros, sans compenser tous les à-côtés, le coût de son employé va augmenter... alors que celui-ci va recevoir moins, après avoir été augmenté. Un comble. Mais l’Absurdistan, comme l’enfer, est pavé de bonnes intentions. Les allégements de charges sont très utiles et ont permis de créer des emplois. Mais ils ne peuvent pas être consentis sur toutes les rémunérations, sinon ce serait trop coûteux pour le budget de l’État. On les concentre donc sur les salaires de moins de 1,6 Smic, et on les rend dégressifs, ce qui crée des effets de seuils détestables.
C'est la même chose pour la prime d’activité, une bonne idée au départ, qui a pourtant pour conséquence de dissuader les augmentations. Les effets pervers se superposent pour finir par créer cette "trappe à bas salaires". C’est donc tout le système qu’il faudrait revoir aujourd’hui.
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