Le président s'est prononcé en faveur à la création d’un Pass Rail, un forfait mensuel qui permettrait de prendre le train sans limitation dans l'Hexagone. Cela correspond à la stratégie du coucou, soit l'oiseau qui s’installe dans le nid des autres, sans avoir contribué à sa construction par son travail. C’est exactement ce qu’a fait Emmanuel Macron en proposant cet abonnement ferroviaire régional.
Il s'est installé dans le nid d'ores et déjà préparé par les régions, qui sont chargées des lignes de chemin de fer locales et du réseau de bus, qui serait également intégré à ce Pass. Il propose une nouvelle facilité, mais sans moyens pour la payer. Les régions ont vu arriver cette annonce avec mauvaise humeur, elles qui bataillent pour mettre à niveau un réseau ferroviaire secondaire souvent vétuste, pour ne pas dire abandonné.
Le vice-président de la région Nord-Pas-de-Calais, Franck Dhersin, a résumé le sentiment général en déclarant : "le président de la République a souvent de très bonnes idées, mais il faut qu’il arrête d’avoir des idées avec le pognon des collectivités locales". Concrètement, ce Pass serait un abonnement mensuel valable sur toutes les lignes régionales, mais seulement les lignes régionales, ce qui ne comprend pas les TGV.
Cette idée est directement copiée de ce que vient de mettre en place l’Allemagne, pour 49 euros par mois. En quelques semaines, 11 millions de clients y ont souscrit, pour moitié des gens qui ne prenaient pas le train auparavant. Mais l’État fédéral y contribue financièrement, avec les Länder, qui sont l’équivalent de nos régions.
La région septentrionale française subventionne déjà les tickets régionaux de train à hauteur de 75%, pour plus de 500 millions d’euros par an. Le reste est pris en charge par les employeurs, avec le "versement mobilité", une taxe imposée aux entreprises de plus de 11 salariés. L’Occitanie propose également des billets à tout petits prix, presque gratuits, sur certains créneaux.
Ce poste des transports mobilise une part croissante des ressources locales qui, à transferts de l’État inchangés, ne peuvent progresser que par l’impôt. Quant à l’Île-de-France, elle redoute de voir se reproduire le conflit de l’année dernière, où elle avait dû augmenter le pass Navigo de 12% au 1er janvier 2023 parce que les transferts de l'État, 200 millions d’euros, ne permettaient pas de boucler le budget à cause de la forte inflation du coût de l’énergie.
L'argent est dont la première crainte des élus. Mais, comme l’exemple allemand, ils craignent de voir le réseau pris d’assaut par de nombreux nouveaux clients qui délaisseraient leur voiture alors qu’il est déjà saturé dans de nombreux endroits, faute d’infrastructures et de rames suffisantes. Pour faire face à une demande nouvelle, il faut investir.
Ce qui coûte beaucoup d'argent et prend du temps. Par exemple, la région Nouvelle Aquitaine vient ainsi de commander 15 rames de TER, pour 150 millions d’euros. Proposer un billet de train à faible prix sans avoir auparavant réfléchi ni au financement ni aux rames, c’est en quelque sorte mettre la charrue avant les bœufs.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte