Plus de 14 milliards d’euros, voilà ce que coûtent nos arrêts de maladie à la Sécurité sociale, soit près de 8% de plus que l’année précédente. Le nombre d’arrêts, lui, a progressé de 30% en dix ans, selon Bruno Le Maire, notre ministre de l’Économie. Geoffroy Roux de Bézieux, patron du Medef sur le départ, déplorait récemment les arrêts de travail de complaisance, concentrés sur le vendredi et le lundi, autour du week-end évidemment. À l’heure où l’on cherche à remettre d’équerre les comptes publics, c’est tentant d’aller regarder cela de plus près.
Cette progression est en partie due à un effet statistique, l’augmentation de l’emploi en 2022, qui mécaniquement augmente la base. Il y a encore les effets de traîne de la Covid-19. Mais cela ne suffit pas à expliquer l’envolée. Celle-ci est corroborée par un autre chiffre, provenant d’une enquête Axa : 44% des salariés ont été arrêtés au moins une fois l’année dernière, contre 30% en 2019, avant la crise sanitaire. Il s’est bien passé quelque chose.
Il s'agit d’une progression des arrêts causés par des pathologies psychologiques, anxiété, burn-out, en particulier chez les jeunes, si l’on en croit Axa. S’agit-il du changement de rapport au travail, conséquence de la désocialisation qu’a déclenchée la Covid et le confinement ? Possible. Possible aussi qu’une partie de cette envolée soit causée tout simplement par la déresponsabilisation générale.
Le patronat propose un jour universel de carence, à la charge exclusive du salarié. C’est-à-dire que le premier jour d’arrêt serait non payé, quelle que soit la durée de l’arrêt et quel que soit l’employeur, sauf pour les interventions chirurgicales et les maladies chroniques.
La piste a été explorée dans la fonction publique avec des résultats mitigés, puisqu’après la mise en place de ce jour de carence, la durée moyenne des arrêts s’est allongée, comme si les salariés voulaient se venger d’avoir à en payer une partie. Cela ne suffirait donc pas.
En complément, on pourrait imaginer des contrôles, pour les médecins d’abord. Les syndicats de médecins sont contre, y voyant une atteinte à la liberté de prescrire. Reste que l’écart par rapport à la moyenne est significatif : un médecin qui prescrit durablement deux fois plus d’arrêt de travail que ses confrères avec une patientèle comparable, c’est qu’il y a un problème. Il n’y a pas de raison de ne pas le lui signifier.
Ce qui vaut pour les médecins vaut pour les entreprises : un employeur qui subit deux fois plus d’arrêts de travail que les entreprises comparables mérite aussi qu’on l’alerte sur les conditions de travail dans ses établissements. En résumé, il faudrait introduire un peu de responsabilité chez chacun des acteurs, salarié, employeur et médecin. Faute de quoi, c’est encore le contribuable qui va payer la note.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte