Les projets de méga-usines se multiplient en Europe, avec des méga-subventions. Ce lundi 19 juin, le géant américain Intel annonçait l’implantation d’un complexe de fabrication de semi-conducteurs à Magdebourg, en Allemagne, pour 30 milliards de dollars d’investissement, dont au moins 10 milliards de subventions publiques.
En réalité, selon les informations de Bercy, les aides publiques s'élèveraient même à 12 milliards d'euros. Un montant faramineux, il s'agit même probablement de la plus grosse aide publique jamais consentie pour installer une usine sur le vieux continent. Ce cas n'est pas isolé, puisque dans les semi-conducteurs, en France, la future méga-usine de Crolles, près de Grenoble, associe le franco-italien STM et Global Foundries.
Cela représente 7,5 milliards d’investissements totaux, et près de 3 milliards d'euros d’aides publiques. En Allemagne encore, 8 milliards ont été consacrés aux gigantesques projets à 21 milliards de Bosch, Wolfspeed et Infineon. Le taux de subvention est de l’ordre du tiers, c’est énorme. Un taux similaire pourrait être réservé pour les super usines de batteries pour véhicules électriques. On peut parier que la future usine de Tesla en Europe, peut-être en France, bénéficiera aussi d’une très forte subvention.
La raison clé, c’est qu’en ce moment, la carte de l’industrie mondiale est complètement bouleversée. Naguère, ces usines auraient été installées en Chine ou dans l’orbite chinoise, à Taïwan. La tension entre la Chine et l’Occident a fait monter les risques, avec la crainte d’une invasion de Taïwan, sans oublier les pénuries l’année dernière, qui permet de militer pour la relocalisation.
Par conséquent, chaque pays veut maintenant s’équiper en composants stratégiques, au nom de la souveraineté. De leur côté, les industriels font monter les enchères de la part des États afin de récupérer le maximum d’argent pour s’installer, surtout en Europe, où il faut compenser un prix de l’énergie plus cher qu’en Amérique.
Un acteur de premier plan de cette bagarre européenne et mondiale affirmait que c’est la géographie industrielle des cinquante années à venir qui se décide maintenant, et qui justifie donc de casser sa tirelire. Autrefois, toutes ces aides étaient interdites par la commission de Bruxelles mais les digues ont sauté à cause de la compétition mondiale, et pour répondre aux subventions massives que le gouvernement américain accorde aux usines qui arrivent sur son sol.
Du coup, l’Europe a changé de doctrine. Dans un jeu non coopératif, c’est toujours celui qui a le plus de moyens qui gagne, à savoir l’Allemagne présentement. À l’origine du projet européen, les aides d’état avaient été interdites justement pour éviter les distorsions de concurrence. C’est une époque révolue.
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