La paix a un prix. Le dernier jour de la guerre sur le sol français remonte au 8 mai 1945. Il y a eu des guerres depuis, comme des conflits coloniaux, mais c'est tout autre chose. On n'a pas besoin de dire que c'est une très bonne chose. Et pourtant, il y a un sérieux inconvénient, c'est l'augmentation des inégalités sociales.
On observe ce phénomène aujourd'hui en France et dans la plupart des pays occidentaux avec la concentration croissante du patrimoine, c'est-à-dire de la richesse. Il y a un demi-siècle, la part de l'héritage comptait pour 30% du patrimoine des Français. Aujourd'hui, c'est 60%, le double. Autrement dit, la richesse se concentre dans un plus petit nombre de mains.
Un autre chiffre, les 1% les plus riches détenaient 16% du patrimoine total du pays en 1984, contre 24% actuellement. Un rapport entre la paix et l'héritage existe, la guerre détruit du capital.
Elle détruit d'abord des immeubles, des maisons qui ne peuvent plus être transmises évidemment. Elle provoque l'effondrement des actions, elle déchaîne l'inflation, ce qui fait fondre la valeur de l'épargne accumulée. Et puis, elle bouleverse la hiérarchie sociale, notamment du côté des élites.
Les personnes modestes ont aussi l'occasion d'exprimer leur courage, leur tempérament, c'est-à-dire justement d'accéder à l'élite. Parmi les dirigeants de la France à la Libération, au CNR, on trouvait des aristocrates mais aussi des gens du peuple. Ces derniers ont forgé leur lien dans la Résistance. La guerre est une formidable machine égalitaire, elle nivelle les conditions sociales.
La paix a tendance à aggraver les inégalités parce qu'il y a une très forte inertie sociale dans les périodes de stabilité. Le montant annuel des successions représente environ 15% du PIB. En 1945, juste après la guerre, c’est moins de 5%, au plus bas du siècle. Et quand on se reporte à 1900, après quasiment un siècle de paix, c’était entre 20 et 25% du PIB.
Cette concentration des patrimoines interroge, elle appelle à une réflexion sur la fiscalité des successions. Une vague d'héritage se profile, celle des "baby boomers". Elle sera particulièrement forte. C'est une génération qui a acheté son immobilier au plus bas, il y a 60 ans ou 50 ans, et qui décède alors que la valeur de ce patrimoine est au plus haut. D'après les estimations, les successions pourraient représenter plus de 650 milliards d'euros par an en 2040, c'est 40% de plus qu'aujourd'hui.
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