Le courage en temps de guerre, ce n’est pas seulement tirer, saboter, tuer, et prendre les armes, comme le démontre Odile de Vasselot de Régné, qui n'avait pas de mitraillette, mais simplement une volonté bien au-dessus de la moyenne.
Elle n'avait que 18 ans quand elle a entendu une voix sur un vieux poste de radio à galène, grésillant, dans son château familial du Poitou : la voix du Général. "La flamme de la Résistance française ne doit pas s’éteindre", c'était le 18 juin 1940 et ce jour-là, Odile comprend qu'elle veut faire, qu'elle veut en être, qu'il faut le faire !
"Je ne supportais pas de voir ces grands étendards qui pendaient avec la croix gammée dessus, les affiches en allemand ou bien les affiches de Vichy" expliquait-elle, "Papa était militaire, déjà prisonnier de guerre".
Et Odile de Vasselot va devenir agent de liaison pour le réseau Zéro, nom de code : Danièle. Sa mission : porter du courrier, des consignes, des messages de vie ou de mort entre Paris et Toulouse. Elle traverse le pays sans arme, mais pas sans danger. Chaque gare est peut-être la dernière, chaque contrôle peut déraper. Chaque contact est peut-être un traître.
En avril 1943, le réseau tombe. Elle échappe à l’arrestation et repart aussitôt. Elle change de nom pour Jeanne, cette fois. Elle rejoint le réseau Comète, spécialisé dans l’exfiltration d’aviateurs alliés tombés en Belgique. Sa tâche : les faire passer en Espagne, via la France. "J’ai convoyé des prisonniers évadés, des aviateurs", disait-elle, "c’était dangereux, bien sûr, il fallait ne pas trembler, ne pas douter".
Le 4 janvier 1944, tout manque de basculer. Elle est dans un train, deux Anglais l’accompagnent. Soudain, la Gestapo. Contrôle. Les Anglais comprennent et ne regardent pas Odile dans les yeux, et les Allemands ne font même pas attention à cette gamine.
"J’avais encore les annexes de leurs billets dans ma poche, je les ai mangées", explique la résistante des années plus tard. On parle là d'une jeune fille de 21 ans, Odile de Vasselot, qui a risqué sa vie à chaque mission et qui a traversé l'Occupation sans verser de sang et sans tirer un coup de feu.
Son engagement ne va pas s'arrêter après la guerre parce qu'elle va entendre une autre voix et entrera dans une communauté religieuse en 1947. Elle deviendra Sœur Odile, ce sera son dernier alias.
En 1959, elle part en Côte d’Ivoire. Pendant près de trente ans, elle y enseigne. À Abidjan, à Cocody, elle fonde et dirige le collège-lycée Sainte-Marie qui existe toujours. "J’ai été passeur dans les réseaux et je continue à être passeur", disait-elle. Elle transmet non plus des messages codés, mais la langue française et la liberté de pensée.
De retour en France, elle raconte son histoire dans les écoles, encore et encore. Elle s'est éteinte à 103 ans après avoir reçu la Légion d’honneur, la croix de guerre et une médaille de la Résistance.
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