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Un militaire français à Roissy Charles de Gaulle, le 23 mars 2016
Crédit : ALAIN JOCARD / AFP
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Depuis le début de la guerre en Ukraine, la question de l'économie de guerre est au cœur des préoccupations, d'autant plus depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et l'altercation inédite dans le bureau ovale avec Volodymyr Zelensky.
Ce qu'on appelle une économie de guerre, c'est la capacité d'accélérer. Et après, les définitions peuvent être différentes. Est-ce que l'on mobilise au-delà de l'outil industriel militaire ? Est-ce qu'on a les moyens de mettre de l'argent dans le militaire ? Comment s'organise l'économie de guerre et la production d'armes ? Réponses avec Christophe Plassard, député Horizons et rapporteur spécial du budget des Armées. Mais aussi Isabelle Dufour, experte militaire chez Eurocrise et Bastien Mancini, président de Delair, entreprise qui fabrique des drones près de Toulouse.
Pour certains, la prise de conscience du besoin de défense et du risque de guerre sur le territoire daterait de l'investiture de Donald Trump. Mais Christophe Plassard, député, met en avant les lois de programmation militaire prises depuis 2017 : "C'est quand même assez exceptionnel parce qu'avant, on ne les respectait jamais. Si on regarde du côté des industriels, aujourd'hui, on produit à peu près deux fois plus de Rafales qu'il y a encore quelques années. On est plutôt à 24 par an versus 12. On a doublé la capacité et la production des canons. L'idée c'est de tripler même, pour les Rafales, d'arriver à 3 par mois. Exactement, à échéance 2030". Mais il souligne : "En revanche, il faut passer à une phase d'accélération."
Pour une économie de guerre, il faut de l'argent. "Cela a fait 50 ans que le budget militaire n'est plus une priorité nationale absolue. Le premier budget c'est l'éducation nationale", rappelle Isabelle Dufour. "Si vous demandez à un militaire, ou même à un expert militaire, il n'y aura jamais assez. Et moi qui travaille sur les États-Unis depuis des années, vous voyez tout le temps des budgets colossaux. Quand on fait les comparaisons, on a le vertige !"
L'augmentation des budgets est une chose, la méthode d'acquisition est aussi une autre. Lorsque l'on travaille sur les questions militaires, c'est surtout une question de délai. "Pour des matériels impactants, remonter une ligne de production, c'est 6 mois, c'est vraiment très optimiste, c'est plutôt 2 ans et ça peut être jusqu'à 4-5 ans pour des matériels très complexes", explique l'experte militaire au micro de RTL.
L'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm a révélé qu'entre 2019 et 2023, "55% des importations d'armes des États européens provenaient des États-Unis". Une situation paradoxale alors que l'Europe aspire à une autonomie stratégique. Christophe Plassard souligne "les États-Unis apportaient la protection et, presque en contrepartie, prenaient les commandes. C'est vrai qu'aujourd'hui, toutes les discussions que l'on a en ce moment consistent à voir comment on pourrait européaniser nos achats."
L'enjeu est aussi économique avec un retour sur la valeur ajoutée : "Quand vous fabriquez un Rafale, 80, je crois que c'est 95% de la valeur ajoutée qui reste en France. Les Rafales sont produits à Mérignac, les sous-marins à Cherbourg, les canons César à Bourges... Donc c'est sur les territoires, c'est de l'emploi, c'est donc des charges sociales, c'est donc de la richesse."
Le militaire ne se résume pas à des armes. L'abandon des États-Unis du théâtre de guerre ukrainien a des conséquences à plus d'un titre. Les Ukrainiens sont désormais aveugles sur le terrain car c'était les Américains qui leur donnaient toutes les informations sur leur renseignement.
La France, quant à elle, dispose de ses propres moyens, comme le souligne Isabelle Dufour : "On a des capacités satellitaires qui sont bonnes, parce qu'on a des capacités cyber qui sont bonnes, mais sur lesquelles on communique peu." Notre force ? "La capacité nucléaire qui, elle, est notre assurance vie et qui reste détenue entièrement en autonome par la France."
Le choix du réarmement n'a pas été facile. Bertrand Mancini insiste sur cette dimension : "Faire de la défense, c'est quelque chose qui, éthiquement, a été un choix pour nous, réfléchi, en se disant qu'on est là pour défendre des valeurs qui nous tiennent à cœur, humanistes, de démocratie."
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