Les nouveaux droits de douanes américains sont entrés en vigueur mercredi 9 avril, avec des conséquences très lourdes pour de nombreux petits pays. Botswana, Bangladesh, Birmanie, Cambodge… Certains sont parmi les pays les plus pauvres du monde et vont subir de plein fouet ces droits de douane.
Ces pays sont appelés les "ateliers du monde", dans lesquels on fabrique tout le prêt-à-porter et la fast fashion qu'on retrouve dans nos magasins ou sur internet. Il y a quelques semaines, le Président Trump se moquait du Lesotho, "un pays dont personne n'a jamais entendu parler" et qui risque de faire faillite à cause de l'Amérique.
Le Lesotho est un pays de 2,3 millions d'habitants situé à côté de l'Afrique du Sud. Les jeans Levi's, Walmart (le Carrefour américain), Calvin Klein viennent de là. Plus de la moitié du pays vit avec moins de quatre euros par jour, le chômage est à 25%. Le Lesotho a un client : l'Amérique qui absorbe 40% de ses exportations, du textile.
Jusqu'ici un accord commercial exonérait le Lesotho de droits de douane en direction des États-Unis. Depuis mercredi 9 avril au matin, les vêtements qui partent du Lesotho pour l'Amérique sont taxés à 50%. En conséquence, le pays va s'enfoncer dans la pauvreté, avec 30 à 40.000 suppressions de postes en perspective, majoritairement des femmes.
Donald Trump est un prédateur mais, dans la grande chaîne alimentaire de l'économie, si vous faites disparaitre les insectes, vous fragilisez tout le monde. Les grands groupes américains sont à la recherche d'une main d'œuvre pas chère et d'usines loin de chez eux. C'est la fin du FabLess, dont Apple était le symbole.
FabLess, ça veut dire sans usine. Vous dessinez des modèles aux États-Unis mais vous ne les fabriquez pas vous-mêmes. Il y a des petites mains sous-payées pour ça. Ces pays sont devenus dépendants de gros clients : on fabrique un iPhone en Chine, une paire de basket Nike ou Adidas en Thaïlande ou au Vietnam, un T-Shirt GAP ou Abercrombie en Indonésie. Des groupes comme Nike ont perdu 18% depuis une semaine à la bourse.
Ces pays ne peuvent que se soumettre. Ils vont devoir acheter américain pour sauver leur industrie et continuer à vendre aux États-Unis. Muhammad Yunus, premier ministre du Bangladesh, Prix Nobel de la Paix 2006, a écrit à Donald Trump pour lui dire que son pays était prêt à acheter plus de coton, de soja, de blé, de maïs américain. Son pays n'a pas d'argent mais il va payer pour continuer à travailler pour les États-Unis.
Le Bangladesh est le deuxième fabricant de vêtements au monde, c'est 80% de ses exportations. Son premier client est l'Amérique. Le Vietnam est prêt à acheter de l'armement américain pour maintenir ses contrats. Ces pays peuvent vraiment faire faillite. Le chômage va s'envoler et il existe aussi un risque de déstabilisation sociale.
On avait connu ça en 2008 avec les émeutes de la faim dans les pays arabes : une mauvaise récolte de blé, la spéculation des marchés de matière première et le prix du pain s'était envolé. Cela avait provoqué des manifestations et la chute de certains régimes. La fébrilité qu'on a connue à la bourse risque de se retrouver dans les rues de ces pays. À cause d'un homme, un seul homme, mais l'homme le plus puissant du monde.
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