Droits de douane : épargne, capital, investissements... Quelles conséquences pour les Français ? RTL répond à vos questions

La guerre commerciale est déclarée. Depuis samedi 5 avril, une grande partie des produits importés par les États-Unis sont taxés à 10%. Le pétrole, le gaz et l’or sont exemptés de cette taxe plancher. À partir de mercredi 9 avril, s'ajouteront des droits de douane additionnels pour les pays qui importent plus de produits aux États-Unis qu'ils n'en exportent.

Ces droits de douane additionnels s'élèvent à 20% pour les pays de l'Union européenne, 54% pour la Chine ou encore 24% pour le Japon. Face à cette offensive commerciale, les bourses ont chuté brutalement à leur ouverture, lundi 7 avril.

Dans la nuit de lundi à mardi, le président Donald Trump a rejeté les propositions de négociations. La dernière proposition des Européens, une exemption de droits de douane totale et réciproque pour les produits industriels, n'a pas suffi pour le président américain. 

Quelles seront les conséquences de cette guerre commerciale sur les Français ? RTL répond à vos questions. 

Cette crise des droits de douane va-t-elle avoir des conséquences sur notre épargne ?

Si on prend l'épargne d'entreprise ou le plan d'épargne en action, le PEA, tous ces produits-là sont des placements de long terme. Mais il y a un risque de perte en capital. Cela signifie que vous dépendez des performances boursières et qu'en cas de krach, vous pouvez récupérer moins que la mise de départ, voire tout perdre. 

C'est pour ça qu'on vous demande souvent de choisir un scénario raisonnable, prudent, ou audacieux et à risque. Souvent, cet argent n'est pas entièrement déblocable immédiatement. Quoi qu'il en soit, c'est un conseil général, quand on met de l'argent en bourse, ne mettez pas l'argent dont vous avez besoin et ne paniquez pas quand les marchés baissent comme c'est le cas en ce moment. 

Ne retirez rien, ne retirez pas l'argent qui est sur votre PEA. Pour ce qui est des assurances-vie, la plupart des assurances-vie françaises sont indexées sur l'euro, donc assez stable et pas en action. Il faut savoir que 60% de notre épargne en France, c'est soit de l'assurance-vie, soit du livret A ou du livret de développement durable. Donc, c'est encadré et il n'y a pas trop de risques.

Si tout le monde rendait ses actions la même journée, que se passerait-il pour la bourse ?

C'est la définition parfaite du krach boursier, c'est-à-dire le moment où, dans la panique, tous les opérateurs de marché soldent leur portefeuille sans discernement. Ce n'est pas tout à fait ce que l'on a connu lundi 7 avril. On ne vit plus des jeudis noirs comme celui d'octobre 1929. On n'a pas connu une panique, mais plutôt une correction sévère. 

Ce sont les actions impactées par les mesures de Donald Trump qui ont dévissé l'automobile, la défense, le luxe, les banques. Alors ça fait du monde évidemment, mais il s'agissait de ventes logiques. Quand ça baisse, on appelle ça un "bear market", c'est-à-dire le marché de l'ours. Et à l'inverse, quand ça monte, c'est le "bull market", un marché taureau à l'image de la sculpture qui est à l'entrée de Wall Street à New York.

On ne connaît plus les journées comme le 24 octobre 1929, je vous le disais, parce que désormais, les autorités de marché financier ont mis en place des coupe-circuits, c'est-à-dire que lorsque les marchés baissent trop fortement, on arrête les cotations le temps que ça se calme.

Les actions baissent, est-ce le moment d’acheter ?

Il y a très peu de personnes qui ont des actions en France, seulement 12% des Français, donc ce n'est pas majoritaire. Si on aime le risque, c'est le moment de faire des bonnes affaires, puisque c'est le moment où ça commence gentiment à remonter, mais pas trop. 

La défense a beaucoup perdu, mais on sait que dans quelques années, on va avoir de nouveau un réinvestissement dans les équipements militaires et dans le luxe. C'est un marché résilient, le luxe. Il a beaucoup perdu ces derniers jours, mais il y a des chances pour que ça puisse remonter dans les prochains mois ou dans les prochaines années. 

On investit l'argent à la bourse dont on n'a pas besoin tout de suite, pour éviter d'être obligé de vendre quand les marchés baissent. Méfiez-vous aussi des mouvements de foule. Investissez dans des entreprises dont vous comprenez l'activité. Le plus grand investisseur de l'histoire Warren Buffett disait "Il vaut mieux acheter une entreprise extraordinaire à un prix ordinaire qu'une entreprise ordinaire à un prix extraordinaire".

En cette période compliquée, faut-il acheter de l'or ?

Il y a un principe de base en bourse qui est de ne pas acheter comme tout le monde, en même temps. Depuis des mois, l'or est la monnaie refuge parce qu'on a enchaîné les crises. Covid, Ukraine, inflation, élection de Donald Trump... donc l'or ne cesse de monter, +80% en cinq ans. Il y a un petit fléchissement sur une semaine, mais ce qui est certain c'est que ça va continuer à augmenter.


Cependant, l'or est cher. Si vous en acheter avec une perspective de long terme, dans quelques années ça va progresser, c'est un très bon placement. En revanche, ce serait une erreur de vendre. En revanche, ce serait une erreur de vendre des actions qui sont en train de baisser en ce moment pour mettre l'argent sur l'or. Attendez calmement.

Les ETF sont-ils un placement sûr ?

Un ETF, c'est en fait un panier d'actions d'une même famille. On va donc avoir un ETF automobile qui n'aura que des constructeurs et des sous-traitants. Un ETF qu'avec des valeurs de la tech ou des pharmaceutiques, par exemple. C'est simple, c'est facile à comprendre et c'est très rentable quand on est sur une période de croissance des marchés financiers comme on a pu la connaître ces dernières années. 

Mais quand ça chute, comme en ce moment, la chute est décuplée puisqu'on a mis tous ses œufs dans le même panier. Le secret à la bourse pour éviter de prendre le bouillon, c'est de la diversification. Vous avez 11.400 ETF en circulation. 

Comme c'est simple et qu'on a poussé sur les réseaux sociaux, vous avez une moyenne d'âge très jeune. On est passé de 61 ans de moyenne d'âge à ceux qui détenaient des ETF à 41 ans en quelques années. Évidemment, c'est un public qui est moins formé à la Bourse, avec une culture plus gaming, paris en ligne. Il peut paniquer en voyant les performances en ce moment. Ce n'est pas forcément une mauvaise idée d'avoir des ETF, mais surtout, vous les gardez pour l'instant.

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