"Ce n'est plus le début de la vie de couple" : pourquoi les Français se marient-ils de plus en plus tard ?

Le mariage a toujours la cote, mais plus tard. L'an dernier, pas moins de 247.000 unions ont été célébrées en France d'après les chiffres de l'Institut national d'études démographiques (Ined). Du jamais vu depuis 2010, qui s'explique par un "phénomène de rattrapage" post-Covid selon le sociologue Jean Viard.

Mais l'Ined note surtout que l'on se marie toutefois de plus en plus vieux : à 32,3 ans en moyenne chez les femmes et 33,8 ans chez les hommes, soit quatre ans plus tard qu'en 2005. "Ce n'est plus le début de la vie de couple : nos parents commençaient la vie sentimentale avec le mariage. Désormais, on est dans une époque où la majorité des enfants naissaient hors mariage. Le mariage est devenu une fête qu'on fait avec une famille construite. Il y a des gens qui continuent à être dans le mariage traditionnel, mais ils sont minoritaires", explique Jean Viard sur RTL.

Stéphanie, qui a pris quelques années avant de passer la bague au doigt, est le parfait exemple de ce changement. Elle s'est mariée avec Gaëtan à 34 ans, après 14 ans de vie commune, le temps de créer un environnement de vie sain pour sa famille.

"On n'avait pas forcément des situations stables au niveau professionnel. Après, on a construit notre petite vie, notre maison, notre famille. Là, on a su qu'on était fait l'un pour l'autre et on a décidé de parler du mariage. Plus on se marie tard, plus le couple est solide sur le long terme", estime-t-elle sur RTL.

Le pacs retarde les mariages

Cette mise à l'épreuve de l'amour au fil des années peut s'expliquer en partie par le fait que les mariages sont plus éphémères qu'avant. "Il y en a un sur cinq qui se défait, notamment dans les très grandes villes. À Paris, les mariages durent souvent moins de dix ans", souligne Jean Viard, selon qui les vies des Français sont désormais "discontinues", que ce soit sur le plan sentimental mais également politique ou professionnel.

La vie s'allonge, forcément on vit des choses différentes

Jean Viard, sociologue

"On vivait 500.000 heures en 1945, pour 750.000 heures aujourd'hui. Quand la vie s'allonge, forcément on vit des choses différentes. On est dans une société qui sort des cadres institutionnels. Attendre les enfants pour se marier, ce n'est pas une mauvaise solution", ajoute-t-il.

"Quand j'ai eu mes enfants, je me suis dit que quitte à attendre, autant attendre aussi qu'ils soient grands et qu'ils nous voient nous unir", témoigne Stéphanie, dont la soirée, sur le thème "rouge et blanc", a rassemblé 90 personnes.

"Certains préfèrent d'abord se pacser, assure de son côté Philippe Goujon, maire (LR) du 15e arrondissement de Paris. Cela permet aux couples jeunes de faire une première expérience, ce qui retarde de plusieurs années leur mariage".

"Au fond, la société a accepté ce nouveau mode de vie bâti sur la liberté des individus et en particulier des femmes : le mariage, la natalité, c'est une révolution extraordinaire où elles deviennent d'abord des individus avant d'avoir une fonction maternante", résume Jean Viard.

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