Alors que l'on pouvait penser que le
soutien de l'État à l'économie se limiterait aux quelques mois de l'urgence
sanitaire, Bruno Le Maire a fait plusieurs annonces qui prouvent le contraire,
mardi 9 juin sur RTL. Le ministre de l'Économie a donné plusieurs
indications. D'abord, il s'attend à plusieurs centaines de milliers de chômeurs en plus à l'automne, à cause des licenciements et des faillites, et à une
mauvaise année pour l'emploi en 2021.
Bruno Le Maire envisage donc, dans la suite
de trois économistes qui conseillent le gouvernement, que l'État finance de
façon pérenne les emplois des secteurs les plus éprouvés, au moins en partie,
avec des formules à inventer. C'est d'ailleurs ce qu'avait indiqué il y a peu
Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, qui parlait d'un ou deux ans pour le système du chômage partiel.
Et tout ça sans compter les aides aux entreprises... Les aides comme les prêts en effet, comme les plans sectoriels, mardi c'était l'aéronautique, le tourisme ou l'automobile, et il y en aura d'autres demain. Sans compter encore le soutien à la demande, avec un futur plan de relance. Sans compter les allègements de charges pour les apprentis, les jeunes en premier emploi...
L'État est désormais à la manœuvre pour
soutenir à la fois ceux qui achètent et ceux qui vendent, à la fois les
entreprises et les salariés, à la fois l'offre et la demande. Dès qu'il y a une
transaction, l'État est là avec son chéquier. Il est en train de devenir
l'acteur économique unique.
On n'a jamais vu cela. Bercy présente ce mercredi son budget rectificatif, encore dégradé par rapport au précédent qui ne date
que de quelques semaines. Si l'on se fie à ces chiffres, le déficit public
français va approcher 300 milliards d'euros cette année, un peu plus de 11% du PIB. Cela veut dire que la dépense publique en France en 2020, va représenter
65% du PIB : les deux tiers de la richesse produite. Et tout cela pour une
période indéterminée, qui ira au-delà de 2020. Avec le risque que ce qui était
prévu pour être un coup de main ponctuel devienne structurel. Que les Français
ne puissent plus faire sans ces aides de l'État financées à crédit.
Ne va-t-on pas être limité par le déficit lui-même
? Pas sûr. La France a l'une des bonnes signatures d'Europe, l'argent nous est
prêté, pour l'instant. Et surtout, la Banque centrale remplit notre verre dès
qu'il est vide. C'est elle qui achète les obligations émises par le Trésor
français, comme celles de tous les pays de la zone euro.
Bruno Le Maire a dit que la dette sera
remboursée grâce à la croissance future. Il a tout à fait raison de dire cela,
c'est une bonne façon d'éviter la question. Mais ça n'est probablement pas ce
qu'il pense. Car pour rembourser une telle dette, il faudrait connaître une
croissance comme celle de l'après-guerre, celle des Trente glorieuses. Ça n'est
malheureusement pas du tout la perspective.
La stratégie des États dans notre situation
peut donc se résumer en trois mots : croisons les doigts. Et espérons que tout
cela ne finira pas mal. La réalité, c'est que personne n'en sait rien.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte