Air France, notre compagnie aérienne nationale, subit une crise d'une violence inouie... Imaginez : son business s'est arrêté. 95% des vols ont été annulés à cause de l'épidémie. Sur les 50.000 salariés, 80% sont au chômage partiel. Et l'entreprise perd quelque 600 millions d'euros par mois. En fait, quelques vols subsistent, pour rapatrier les Français bloqués à l'étranger, ou pour transporter du fret ou du matériel sanitaire.
Quant à savoir combien de temps Air France peut tenir le choc, sans aide financière, ça s'évalue en semaines. C'est d'ailleurs le lot de quasiment toutes les grandes compagnies aériennes mondiales, qui sont toutes proches de la faillite.
Pour éviter cela, Air France est en train de négocier, avec l'Etat français, une garantie sur des emprunts bancaires que l'entreprise ferait, 6 milliards au total, dont 4 pour Air France et 2 pour la compagnie sœur, néerlandaise, KLM. Faute de la garantie publique, Air France ne pourrait pas emprunter, ou pas autant et pas avec un taux d'intérêt acceptable, vu les perspectives de trafic, et donc de chiffre d'affaires.
Mais une aide comme cette garantie, c'est en principe interdit par la Commission européenne. En tout cas c'est la règle habituelle, au nom de la concurrence, pour éviter que les États ne favorisent leurs champions nationaux au détriment des autres européens. Mais ces règles ont été suspendues immédiatement après le déclenchement de l'épidémie, pour permettre la survie des compagnies du Vieux Continent.
Bruno Le Maire avait également évoqué la nationalisation, mais c'est peu probable. Il devrait y avoir une recapitalisation de l'entreprise, à moyen terme, qui sera discutée avec les autres actionnaires, l'État néerlandais au premier chef, qui est très sourcilleux sur le chapitre. On se souvient qu'il y a quelques mois, il avait racheté de façon subreptice 14% du capital du groupe, pour être à parité avec l'État français, et contrer son influence au sein de l'entreprise. Mais pour l'instant, il faut faire face à la crise économique.
Car c'est calamiteux. En juin, selon les prévisions de la direction, le trafic serait toujours à 20% de la normale, à 40% en juillet, de 60% en août, et 75% seulement à la fin 2020. Il faudrait deux ans pour retrouver le même niveau d'activité qu'en 2019.
La reprise sera laborieuse car, encore une fois, la fin du confinement ne réglera pas tout. Parce que les risques de redémarrage de l'épidémie vont conduire les différents États, en Europe et dans le monde entier, à maintenir des frontières, sinon fermées, du moins plus difficiles à franchir, avec des visas plus restrictifs, voire des interdictions, ou des mesures de quarantaine comme celles qu'a mises en place la Chine.
Pour aller dans l'Empire du Milieu en ce moment, il faut passer 14 jours dans un hôtel de décontamination, à ses frais, en dehors de Pékin, où les étrangers ont désormais l'interdiction de débarquer. À ces contraintes sanitaires et réglementaires s'ajoute la remise en route des avions, aujourd'hui maintenus au sol, et celle des équipages, des pilotes notamment, qui devront repasser par l'instruction si leur temps sans vol est trop long.
L'Airbus 380, le géant des airs, pourrait faire les frais de la crise, en n'étant pas remis en service. Il était déjà surdimensionné en période normale, ça ne vas pas s'arranger dans les temps qui viennent.
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