"Toute ma classe m'est tombée dessus" : à 12 ans, Constant raconte sur RTL le harcèlement scolaire dont il est victime

Le 6 novembre est, en France, la journée de lutte nationale contre le harcèlement scolaire. Selon les derniers chiffres de l'association Marion La Main Tendue, 17% des élèves sont touchés et disent en être victimes plusieurs fois par semaine. À cette occasion, Amandine Bégot a recueilli les témoignages de personnes concernées dans Les Auditeurs ont la parole, beaucoup de parents, mais aussi des élèves.

C'est le cas de Constant, 12 ans, dont le témoignage suscite autant d'émotion que de colère. Élève en classe de 5ᵉ, il a lui-même pris l'initiative d'appeler le standard de RTL pour raconter le harcèlement dont il est victime depuis le CM2.  

"Ça a commencé par des moqueries, raconte-t-il, des bagarres, des trucs comme ça. À la piscine, on me poussait dans l'eau... Toutes les semaines, tous les jours. Pas plus tard qu'aujourd'hui, on m'a insulté".

Un signalement qui aggrave la situation

Après plusieurs années de harcèlement, sa parole a été entendue par un surveillant. "Il y a un gentil surveillant qui a essayé de prendre en main cette année, il en a parlé au CPE, raconte Constant. Chez le CPE, ils m'ont reçu il y a trois semaines, avant les vacances et depuis, ils m'ont dit qu'ils allaient recevoir les élèves et c'est bon, ils ont reçu les élèves".

Mais la méthode pratiquée par l'encadrement n'a pas arrangé les choses pour Constant. "Ils m'ont dit que ça allait être discret, mais ils les ont tous reçus dans le même cours, tous en même temps. Du coup, évidemment, quand ils sont rentrés de leur rendez-vous, ils ont dit que c'était à cause de moi et tout le monde, toute ma classe m'est tombée dessus".

Ça continue, même ça s'empire parce qu'ils ont été reçus. Ils sont plus méchants encore. (...) Je me dis peut-être qu'en parlant, ça changera quelque chose.

Constant, 12 ans, au micro de RTL

On lui promet également un rendez-vous en présence du chef d'établissement. "Ça fait deux mois que j'attends, ils ne m'ont toujours pas reçu, déplore l'adolescent. Et puis ça continue, même ça s'empire parce qu'ils ont été reçus. Ils sont plus méchants encore, et voilà."

Quand le harcèlement a commencé à la fin de la primaire, les parents de Constant ont eu rendez-vous avec la directrice de l'école, qui leur a conseillé de retirer leur enfant de la cantine. On leur explique que "ce sont des gamineries, des histoires de bac à sable", raconte Constant. "Et je me continuais à me faire taper, insulter. Ça n'a rien changé".

"Gamineries", "enfant hypersensible" : le harcèlement scolaire relativisé les directions d'établissements

Aujourd'hui, le harcèlement se poursuit. "Mes copains qui sont dans la même classe que moi, dès que je me sens embêté, ils partent, explique le garçon. Ils ont peur de la guerre, ils disent. Et après, j'ai des copains dans d'autres classes supérieures. Eux, ils sont un peu plus sympas, mais quand je me fais embêter, ils ne sont pas tout le temps là. Du coup, souvent, il n'y a personne avec qui 'me défendre'."


Il demande à être reçu par le chef de son établissement, "pour qu'au moins, ils soient avertis, et que les parents des harceleurs soient avertis, parce que leurs parents ne savent pas que leurs enfants embêtent". "Je me dis peut-être qu'en parlant, ça changera quelque chose", espère--t-il.

Ça a causé un trauma, ses notes qui se sont effondrées, il ne dort plus, il pleure. Tous les week-ends, la veille de reprendre, il a mal au ventre. Le matin, il n'arrive pas à se lever tellement il est mal.

Sophie, la mère de Constant, sur RTL

Stéphanie, la mère de Constant, se souvient également des premiers rendez-vous avec la directrice de l'école de son fils. "On m'a expliqué que c'était un enfant hypersensible, explique-t-elle. Je ne comprends pas qu'à des enfants de 10 ans, on leur dise que c'est des 'gamineries'. On m'a expliqué que ce n'était pas important". 

S'il en parle avec beaucoup de calme et de maturité, Constant souffre profondément de cette situation. "Ça a causé un trauma, raconte sa mère, ses notes qui se sont effondrées, il ne dort plus, il pleure. Tous les week-ends, la veille de reprendre, il a mal au ventre. Le matin, il n'arrive pas à se lever tellement il est mal. Il a mal à la tête. Quand on marche dans la rue, il appréhende quand on croise des enfants". 

Sous les conseils de sa psychologue, Constant a commencé à prendre des notes, à coucher sur le papier les violences qu'il subit au quotidien. 1er avril 2025 - "L. et L. me frappent sur le cou, violemment, des chiquettes. J'ai envie de pleurer, mais je retiens mes larmes". 2 avril 2025 - "L. m'insulte : 'espèce de merde'." 10 avril 2025 - "Je vais à la CPE. Elle me dit que c'est des gamineries. Je me suis fait insulter. J'ai envie de disparaître. J'ai envie de disparaître, j'ai très mal à mon cœur, j'ai mal à la tête".

Ce surveillant, il a 21 ans, il a beaucoup plus de maturité que la CPE qui a une cinquantaine d'années, qui l'année dernière a expliqué à Constant que c'était des 'gamineries'."

Sophie, la mère de Constant, sur RTL

La mère de Constant témoigne de sa colère face au manque de réaction de la part de l'encadrement. "Je suis fâchée en tant que maman, je suis fâchée que ce soit pris à la légère comme ça. Cette année, on a eu la chance qu'un surveillant qui s'était rapproché de Constant ait vu des choses, soit intervenu auprès d'enfants de façon anonyme. Ce surveillant, il a 21 ans, il a beaucoup plus de maturité que la CPE qui a une cinquantaine d'années, qui l'année dernière a expliqué à Constant que c'était des 'gamineries'."

Le témoignage de Constant et celui de sa mère ont particulièrement touché les auditeurs de RTL. "On ne peut pas laisser une affaire comme ça, demande Mickaël, dont le fils subi également du harcèlement. Les coordonnées de la famille de Constant ont été transmises au ministre de l'Éducation. 

À l'occasion de la journée de lutte nationale contre le harcèlement, l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, qui en a fait son combat et qui a créé l'association "Faire face au harcèlement", sera l'invité exceptionnel d'Anne Sophie Lapix, ce 6 novembre à 18h40 dans RTL Soir. 

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