Ils sont en première ligne face aux conséquences de la surpêche. Les artisans pêcheurs de la Côte d'Opale sont vent-debout face aux grands navires industriels qui capturent. Au port de Boulogne-sur-Mer, tous font le même constat, certaines espèces sont purement et simplement en train de disparaître.
Au quai Gambetta, près des Aubettes, où les artisans vendent directement leur pêche, les fileyeurs déchargent leur prise de la nuit. Mathieu Pinto, le patron de l'Ophéléa, l'un de ces petits bateaux boulonnais, est dépité. "Tout le long de nos côtes, on n'a plus de poissons plats. Tout ce qui est carrelet, on le voit sur les étals, beaucoup de clients nous demandent, 'Ils sont où les carrelets, c'est la saison ?' On n'en voit plus. Les turbos, les barbus, les soles, tout ce qui est poissons plats a été impacté de toute façon", déplore-t-il.
Même constat dans le bassin d'en face où accostent les chalutiers qui partent à la semaine. Donovan et son équipage, toujours passionnés, n'en sont pas moins inquiets. "Nous, on pêche principalement la sardine, macro, en saison. C'est tout en ce moment, il n'y a que ça à pêcher. Oui, il y a eu une baisse de ressources forcément. Il y a eu des espèces qui ont migré aussi par rapport à haute température, à de l'eau", explique-t-il. La tendance s'est aggravée ces dix dernières années, selon ces professionnels de la mer.
Même s'il y a bien sûr des causes liées au réchauffement climatique, les techniques destructrices des gros navires industriels, notamment néerlandais, sont pointées du doigt. Ces pêcheurs boulonnais dénoncent les ravages des filets qui ratissent les fonds. "Il y a eu du ravage de fait devant chez nous. Une pêche très performante. Ils ramassent tout. Il n'y a pas de survie. Tout le poisson qui est là dans leur carré, c'est ramassé. Maintenant, ils travaillent la nuit aussi. On voit des Scombrus, des Prins Bernhard, tous des grands bateaux type industriels qui font plus de 80 mètres, arriver dans des fonds de 20 mètres. Ce n'est pas possible", raconte l'un d'entre eux.
En Manche, 6 à 7 fois par jour, ces navires-usines entourent l'équivalent d'une ville comme Boulogne, selon l'un de ces marins. Des industriels étrangers qui investissent aussi dans les flottes françaises ou anglaises pour avoir davantage de quotas, nous explique Jean-Baptiste Descharles, matelot sur le Chalutier Saint-Philippe.
"C'est le cas sur Boulogne, il y a déjà des bateaux qui ont été rachetés par des Hollandais. Ce sont des bateaux qui tournent à une vingtaine de millions d'euros de chiffre d'affaires à l'année. On n'est pas comparable. On fait bien attention quand même à la ressource", raconte-t-il. Et la tension peut parfois monter d'un cran au large. En début d'année, un de ces artisans pêcheurs a été sauvagement accosté par un équipage néerlandais dans les eaux britanniques.
Les pêcheurs demandent soutien face au lobby industriel de la pêche. Ils n'ont pas envie non plus d'être stigmatisés, alors qu'au niveau local, des efforts sont faits pour préserver les ressources.
"Pour tout ce qui est sauvegarde des océans, il ne faut pas de mesures radicales, ça, c'est une certitude. Les associations prêchent la fin du monde. On peut très bien travailler ensemble et d'ailleurs, c'est ce qu'on fait déjà depuis pas mal d'années. Il ne faut pas perdre de vue que les professionnels eux-mêmes se réglementent et essayent toujours d'améliorer leur technique de pêche. Pour moi, chaque taille de bateau a sa place. Ce qu'il y a, c'est qu'un bateau de 150 mètres n'a rien à faire ici au pied des côtes. Il faut un équilibre", estime Olivier Leprêtre, le président du comité régional.
Ces marins pêcheurs en activité à Boulogne sont encore 600 environ aujourd'hui. Ils essayent de s'adapter et de maintenir le cap au quotidien. Ici, un homme en mer fait travailler 5 à 6 personnes à terre.
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