- 04m31s
3 min de lecture
Retards de langage, agressivité... Immersion en consultation avec des enfants addicts aux écrans
En France, il existe une seule consultation dédiée à l'addiction aux écrans des enfants. Elle a été lancée il y a cinq ans à l'hôpital Jean-Verdier, à Bondy (Seine-Saint-Denis) par une pédiatre.
Le gouvernement veut s'attaquer à l'addiction des enfants aux écrans. (Illustration)
Ce lundi 8 avril, des députés LR vont déposer une proposition de loi qui vise à réguler l'usage des écrans en présence des enfants de moins de 3 ans. Selon les informations de RTL, ces élus veulent interdire les écrans dans les crèches et chez les assistantes maternelles. Chez les moins de 3 ans, les écrans peuvent faire des dégâts avec, notamment, des retards de langage ou de l'agressivité.
Une seule consultation spécialisée existe en France pour aider les tout-petits qui n'arrivent pas à décrocher. Elle a été créée par une pédiatre il y a cinq ans à l'hôpital Jean-Verdier, à Bondy (Seine-Saint-Denis) et elle ne désemplit pas. Des dizaines d'enfants y sont suivis, dont Mohammed Amir venu ce jour-là avec son père.
L'enfant a été mis devant les écrans à partir de l'âge de 9 mois. Son père explique : "Pat'Patrouille, Peppa Pig... Quand on était occupés, on lui mettait ces dessins animés. Dès qu'il faisait une petite crise, on lui mettait. Il y a des jours où ça pouvait être une heure, d'autres, ça pouvait être deux heures."
"C'était le seul enfant qui ne parlait pas"
Désormais âgé de 3 ans et 4 mois, le petit souffre de gros retards de langage et ne prononce que quelques mots. C'est lors de son entrée en maternelle que son père a pris conscience du décalage de son enfant par rapport aux autres : "à la rentrée, j'ai vu que c'était le seul qui ne parlait pas." Depuis, la télé a été complètement arrêtée et Mohammed "a commencé à parler". Mais dorénavant, il doit être accompagné par une assistante de vie scolaire pour le suivre dans son parcours à l'école.
Les effets des écrans sont aussi visibles chez Anès, 3 ans, qui ne parle pas non plus. C'est son comportement à l'école qui a alerté sa mère : "Il n'acceptait pas du tout d'être à l'école, ni avec les autres. Il était très angoissé, il pleurait et cherchait à s'enfuir", raconte-t-elle. Après six mois de désintoxication et de suivi par une psychologue, la maîtresse de l'enfant le trouve "beaucoup plus calme, intéressé, il écoute les consignes et ne tape plus le copain".
"On crée du handicap par les écrans"
Des cas comme ceux de Mohammed et Anès, la pédiatre Sylvie Dieu Osika en a vu passer des dizaines. C'est elle qui est à l'origine de cette consultation unique en France ; elle croule sous les demandes de parents désemparés. Selon elle, "ces enfants regardent en boucle un dessin animé pendant des milliers d'heures et ils finissent par répéter ce qu'ils entendent". "Ils deviennent des petits robots ou des perroquets qui ne font que répéter et qui ne sont pas du tout dans la compréhension", abonde-t-elle.
La spécialiste assure, cependant, que le retard de ces enfants est réversible : "Beaucoup d'entre eux s'améliorent, voire reprennent le processus d'apprentissage dans lequel il s'était complètement arrêté, mais avec forcément 6 mois, 1 an de retard." Sylvie Dieu Osika en est convaincue : "On crée du handicap par les écrans alors qu'on croit bien faire, c'est une réalité."
Face à une consultation totalement saturée, elle réclame un plan d'urgence pour sensibiliser la population sur l'addiction des enfants aux écrans. Le gouvernement a missionné un groupe d'expert qui doit proposer une série de mesures pour s'attaquer à ce fléau. Ils doivent rendre leurs conclusions dès la fin du mois.
