Les mots pratiquent parfois une sorte de Mardi Gras linguistique : certains noms masculins se déguisent en noms féminins, tandis que certains noms féminins se griment en masculin… et nous piègent ! Ce qui m’a donné l’idée de vous en parler, c’est une erreur que j’ai corrigée dans Le Monde cette semaine. La phrase était : "L’empereur Claude mène Rome à son apogée territoriale avec la conquête de la Germanie".
Cette phrase passerait très bien à la radio (c’est l’un des avantages du métier de journaliste de radio par rapport à celui de journaliste de presse écrite) : en effet, à l’oral, il n’y a aucun problème. L’erreur qu’avait commise le rédacteur est qu’il avait accordé l’adjectif territorial au féminin, or apogée a beau se terminer par é.e, c’est un mot masculin, un apogée.
Cela trompe beaucoup de monde, car, généralement, les mots en é.e sont féminins :une année, une idée, une dictée… Il sont très nombreux. Pourtant, il existe une trentaine de noms masculins en é.e. La plupart sont un peu savants et inusités, mais il y a quand même le musée, le lycée, le macchabée, le mausolée, le périnée, le pygmée et le trophée qui sont très courants.
Ceux-là, me direz-vous, tout le monde sait qu’ils sont masculins…Oui, sauf que, du coup, il arrive qu’on oublie le e muet final, je trouve souvent des pygmé sou des macchabés, sans le e muet final, donc attention ! En fait, ce e final est un reste de la finale latine en "um", qui a disparu, comme dans museum, qui a donné musée.
Ce qui est troublant, c’est qu’il y a aussi des mots féminins qui se terminent en é, ce qui les fait ressembler à des masculins. C’est le cas de la plupart des féminins qui se terminent en "té" ou "tié", comme la beauté, l’amitié, la liberté. Il y a aussi la clé et l’acné.
Mais il y a une autre règle, très bizarre, mais qui semble ne poser de problème à personne (du moins parmi les francophones, parce que pour les pauvres étrangers qui essaient d’apprendre notre langue, c’est un grand mystère) : ce sont ces cas où nous mettons un adjectif possessif masculin devant un nom féminin.
Pour des raisons d’euphonie, donc pour éviter le choc désagréable entre deux voyelles ("ta épouse", "ma erreur", ça ne passe pas), devant un nom féminin commençant par une voyelle ou un h muet, on emploie "mon, ton, son" au lieu de "ma, ta, sa". On dit ma femme, mais mon épouse, ta faute mais ton erreur. Je connaissais d’ailleurs un petit garçon qui insistait pour dire "C’est ma épée" (coucou Simon), parce que cette règle semble quand même très illogique aux francophones quand ils sont tout petits !
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