Pourquoi à Rungis, rien ne se perd, tout se transforme

Le marché de Rungis est au cœur de l'actualité, depuis que les agriculteurs ont décidé de venir en faire le blocus, en marge des différents blocages de grands axes. Car Rungis est un endroit essentiel où transitent chaque année des millions de tonnes de nourriture et de marchandises.

Avec ses 234 hectares, Rungis est plus grand que la Principauté de Monaco. 3 millions de tonnes de marchandises y transitent, rien que pour l’année 2022. Avec évidemment certaines qui restent sur le carreau. Mais le marché n’est pas du genre à gâcher ! Car Rungis se transforme alors en gigantesque banque alimentaire.

Une cinquantaine d’associations caritatives y ont accès : en 2022 toujours, 1.560 tonnes de nourriture ont été offertes par les grossistes du marché. Soit environ 3 millions 100.000 repas. Pour vous donner un ordre d’idée, les Restos du Cœur l’an dernier ont servi 171 millions de repas dans tout le pays. Mais à Rungis, il y a aussi beaucoup de déchets.

100% de déchets valorisés

En tout, 78.000 tonnes de déchets sont produits par an. C’est à peu près ce que génère une ville comme Nancy ou Roubaix. Quand Rungis a été créé en mars 1969, on faisait tout brûler : cagettes, cartons, plastique, polystyrène...

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Aujourd’hui, évidemment, ce n'est plus pareil et 100% des déchets sont valorisés. Les fruits et les légumes périmés, impropres à la consommation, ça ça part à un site qui transforme tout en compost. Ce dernier utilisé à 2 km de Rungis dans la plaine de Montjean, où l’on fait pousser d’autres fruits et légumes vendus depuis 2004... À Rungis ! Comme circuit court, on ne fait pas mieux.

1/3 de chaleur produite par Rungis

Le reste des déchets part dans l’usine d’incinération de Rungis, qui produit de la chaleur avec laquelle on réchauffe de l’eau autour de 70 à 80 degrés. De l’eau injectée dans un énorme réseau de tuyaux qui permet de chauffer tout le marché mais aussi l’aéroport d’Orly et sa zone hôtelière. 1/3 de la chaleur consommée là-bas vient de Rungis. 

Et ce n’est pas tout : 22.000 logements de Choisy le Roi et Vitry-sur-Seine, des communes voisines, bénéficient de cette source d’énergie qui coûte 40% moins chère que le chauffage électrique. Et ce n’est pas fini !

Après la combustion des déchets dont je vous ai parlé, il reste de la matière qui n’a pas brûlé. Des résidus qu’on appelle les mâchefers et qui sont utilisés pour faire les sous-couches des routes. Quand les agriculteurs disaient "On roule sur Rungis !", ils ne croyaient pas si bien dire !