"On a acquitté le (présumé) violeur", ex-juré d'assises, il revient sur le procès d'un oncle accusé d'avoir abusé de sa nièce

François-Xavier est un ancien juré d'assises. Il a fait partie des 20 000 citoyens qui sont tirés au sort chaque année pour juger les affaires les plus sordides. Au cours de sa session d'assises, il a pris part à 4 procès : "Un viol, deux meurtres et un assassinat", détaille-t-il. Si ces affaires l'ont toutes marqué, l'une d'elles lui a laissé un souvenir particulièrement amer. Il la raconte, au micro de Faustine Bollaert,

Ce procès, c'est celui d'une jeune fille, violée par son oncle de ses 13 à ses 18 ans, qui s'est enfin décidée à porter plainte. Dans la salle d'audience, la victime et le présumé agresseur font face aux jurés, dont François-Xavier. La proximité des protagonistes rend le transfert d’émotions encore plus intense. La séance s'ouvre sur l'expertise médicale délivrée par le gynécologue, qui choque d'emblée le juré : "Ce qui est arrivé à cette jeune fille en termes de déchirure, etc. Vous n'êtes pas prêts", s'étrangle-t-il.  

Une fois que chaque partie a fait entendre sa version des faits, le procès se clôture. Les 9 jurés se confinent ensuite dans la chambre des délibérés. À cet instant, François-Xavier est confiant. Selon lui, le vote est une formalité, tant la culpabilité de l'oncle est flagrante. Seulement, dans l'intimité du huit clos, un autre chemin se dessine. "Nous n'étions pas six sur neuf à considérer que l'accusé était coupable, donc il est sorti libre, grince-t-il avant d'ajouter : on a acquitté le (présumé) violeur".

Au moment d’annoncer le verdict, François-Xavier reste figé sur sa chaise. Son regard croise celui de la présumée victime. "Elle a immédiatement compris que la décision ne jouerait pas en sa faveur", confie-t-il. À la sortie de la cour d’assises, leurs chemins se croisent une ultime fois. Le juré, profondément mal à l’aise, peine à soutenir son regard. Il sait qu’il ne peut lui adresser le moindre mot. Dix ans ont passé, et pourtant, François-Xavier avoue qu'il pense encore à elle...