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Un homme du RAID (illustration)
Crédit : SIPA
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Depuis les attentats de 2015, Olivier ne lâche jamais son arme de service. Chef des négociateurs du RAID (Recherche, Assistance, Intervention et Dissuasion), l'unité spéciale de la police nationale, son rôle est crucial : trouver une résolution pacifique à une crise, au prix, souvent, de longues heures de discussions tendues. Il est le dernier filtre avant l'intervention armée. Au micro de Faustine Bollaert, il raconte les coulisses d'un métier hors norme et revient sur ses affaires les plus emblématiques.
Parmi les nombreuses situations hautement sensibles auxquelles Olivier a du faire face, une en particulier occupe une place à part. Cette intervention, c'est celle du 5 mars 2019, et l'attentat de la prison de Condé-sur-Sarthe. Ce jour-là, "une jeune femme est allée rendre visite à son conjoint radicalisé, incarcéré, dans ce qu'on appelle les Unités de Vie Familiale" (UVF), retrace le négociateur. Dans la cellule, Hanane Aboulhana, la femme du détenu Michaël Chiolo, simule un malaise, pour attirer deux agents pénitenciers et les agresser. "Ils se sont pris un déchaînement de coups de couteaux", raconte Olivier. Si les deux hommes parviennent à refermer la porte, les époux se retrouvent confinés dans l'UVF. Michaël Chiolo menace alors d'actionner une ceinture d'explosifs.
L'heure pour Olivier et son groupe d'intervenir. "On y est allé avec les hélicoptères de l'armée, on est arrivé très rapidement sur place", raconte-t-il. S'il sait que la négociation s'annonce corsée en raison du profil des assaillants, l'agent du RAID ne s'attendait pas à ce qu'elle se révèle, à ce point, difficile. Après plusieurs heures de pourparlers infructueux, Olivier doit se rendre à l'évidence : la force armée doit intervenir, même si cela ne lui fait pas plaisir. "Envoyer les copains au casse-pipe à cause d'une négociation échouée, ce n'est pas facile", poursuit-il.
Retranché au sein de la prison depuis plus de 10 heures, le couple est finalement neutralisé par le RAID. Hanane Aboulhana est tuée dans l'opération. Son conjoint, Michaël Chiolo, est lui, immobilisé. Il est jugé dans la foulée et écope de la peine la plus lourde existant en France : la perpétuité incompressible. Quant aux agents pénitenciers, grièvement blessés dans l'attaque, il s'en sont miraculeusement sortis.
"On nous a prévenus qu'il était retranché dans la cave, qu'il était armé et qu'il avait bu plus que de raison"
Olivier raconte sa première négociation
Ce métier éminemment dangereux, a évidemment offert à Olivier son lot de sueurs froides. Sur RTL, il raconte aussi sa toute première intervention, qui l'a directement plongé dans le grand bain, sans qu'il ait eu le temps de se mouiller la nuque. "On est appelé pour un forcené dans le Val-d'Oise. Il venait de commettre des violences conjugales sur sa femme et avait réussi à prendre la fuite. On nous a prévenus qu'il était retranché dans la cave, qu'il était armé et qu'il avait bu plus que de raison", raconte Olivier.
Arrivé sur place, le négociateur sait qu'il doit faire vite. Il s'équipe, enfile son gilet pare-balles, saisit son porte-voix et entame la négociation, sa toute première. "Je commence par me présenter, expliquer pourquoi je suis là. L'idée, c'est que le forcené sache à qui il a affaire", détaille-t-il tout en précisant qu'il ne dit jamais qu'il vient du RAID, pour éviter d'inquiéter, plus que nécessaire, son interlocuteur.
À chaque intervention, au moins un sniper est dissimulé dans le décor, pour l'épauler. Il est précieux, voire vital quand la situation dérape. Autant que le bouclier blindé qui le sépare du potentiel danger. Et ce jour-là, ces hommes se sont avérés très utiles. "Je n'ai même pas pu tellement discuter avec lui (le forcené, ndlr). Il a brandi une carabine. Il a menacé de me tirer dessus et m'a adressé tout un tas de noms d'oiseaux", dit Olivier. Il s'attend alors à ce que les à ce que l'homme, armé, soit abattu immédiatement. Mais rien ne se passe. "ils m'ont avoué après qu'avec leurs lunettes de visée, ils avaient vu que l'arme était inopérante. J'ai pu toucher le grand professionnalisme de mes collègues".
Si dans ces deux situations, Olivier a fait face à des individus armés et dangereux, ce n'est pas une constante. L'agent du RAID se souvient notamment d'une négociation avec une femme parfaitement inoffensive, sauf pour elle-même. "Une maman était montée en haut d'une grue et réclamait des places pour son enfant autiste dans un établissement spécialisé". Sur cette négociation, l'invité de RTL a été marqué autant pour la durée des pourparlers (8 heures, sa plus longue négociation) que par la détresse qui traversait la femme, perchée sur la grue. "Elle était vraiment à bout. Très rapidement, on a compris qu'elle n'en pouvait plus", explique-t-il.
Alors qu'il pouvait céder à la facilité, promettre la lune et faire miroiter des choses irréalisables, le négociateur a préféré rester au plus proche de la vérité. "On lui a fait comprendre, avec nos mots, que si demain on lui obtenait une place, c'était au détriment de toutes les familles qui étaient devant elle dans la liste". La mère de famille est finalement redescendue de la grue. Cela s'est fait au prix d'une concession : un rendez-vous chez le préfet pour "réétudier le dossier". Prouvant aussi que l'empathie est une force indéniable d'un bon négociateur.
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