Mohamed Amra : quelles sont les techniques utilisées par les criminels en cavale pour se fondre dans la masse ?

Près de dix jours après l'arrestation de Mohamed Amra, RTL s'est penché sur les techniques utilisées par les criminels pour changer d'apparence. L'ex-ennemi public numéro un aurait été en Roumanie pour subir des opérations de chirurgie esthétique.

RTL a enquêté sur ces méthodes et a rencontré Louis-Philippe Roubat. À première vue, rien ne laisse penser que cet homme de 71 ans, aujourd'hui électricien, est un ancien braqueur. Dans les années 1970 et 1980, il était le compagnon d'armes de figures notoires comme Jacques Mesrine et Albert Spaggiari. 

Louis-Philippe Roubat a réussi huit évasions, dont deux depuis des quartiers de haute sécurité, tout en gardant le même visage. Selon lui, "l'apparence physique ne joue strictement aucun rôle. C'est le comportement en société qui va faire la différence. La meilleure cache, c'est d'être au milieu de tout le monde."

Le camouflage d'un ancien fugitif au sein même de la police

Roubat a utilisé diverses identités pour se fondre dans la masse, allant de photographe officiel d'une gendarmerie à médecin, bien qu'il n'exerçât pas. Son plus grand coup fut de se faire passer pour un commissaire de police responsable d'une brigade d'intervention, ce qui lui a permis de vivre pendant presque 18 mois avec un statut d'officier de police judiciaire. "J'étais armé, j'avais une paire de menottes et ça ne choquait personne", confie-t-il.

Aujourd'hui repenti, Louis-Philippe Roubat collabore avec les gendarmes. Concernant les techniques de Mohamed Amra, il commente : "Il est allé en Roumanie se teindre la tête en rouge. Il se mettrait un gyrophare sur la tête, ça ne serait pas mieux. Il avait vraiment envie de se faire arrêter cet homme."

Le temps, principal ennemi des criminels traqués

Au-delà des transformations physiques, les criminels s'appuient sur leur réseau. Jean-Marc Bloch, ancien directeur de la police judiciaire de Versailles, explique que tenir une cavale seul est quasi impossible. "Ils essaient de se terrer dans un endroit, de rester dans un endroit, sans sortir, en se faisant livrer à bouffer, etc., en évitant d'utiliser le téléphone portable." 

Cependant, "l'ennemi public numéro un des malfrats dans ce cas-là, c'est le temps", affirme-t-il. "Ils ont besoin d'entrer en contact avec un certain nombre de personnes. La tension se relâche et ils font des erreurs. Et c'est à partir de ces erreurs qu'on arrive à les retrouver, quelles que soient les modifications qu'ils ont apportées ou pas apportées à leur aspect physique."

Le numérique et la téléphonie, des pistes importantes dans la traque des criminels

Les outils technologiques compliquent encore plus la tâche des criminels en cavale. La généralisation des caméras de surveillance, l'expertise en matière d'empreintes digitales, et les éléments biologiques comme l'ADN, sont des atouts majeurs pour les forces de l'ordre. 

La colonelle Marie-Laure Pezant souligne également l'importance de l'environnement numérique et de la téléphonie dans la traque des criminels. Enfin, la coopération internationale, comme le montrent les arrestations récentes de Mohamed Amra en Roumanie et d'Antonio Ferrara en Belgique, renforce l'efficacité des opérations policières.