INVITÉ RTL - "J'ai hésité à continuer à le défendre" : l’avocat de Mohamed Amra s’exprime pour la première fois à la radio

C'est avec un sourire sur son visage que Mohamed Amra a refait surface, neuf mois après son évasion spectaculaire qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires. "On ne va quand même pas pleurer", a-t-il également déclaré, affichant alors une forme d'arrogance lors de son transfert vers la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne).

Pour de sa première interview à la radio, son avocat, Me Hugues Vigier, tempère sur RTL. "J'imagine qu'on peut être à la fois effondré pour un tas de raisons et puis vouloir avoir ce type de prestance. Pour moi, ça ne dit rien de particulier", assure celui qui était son avocat avant son évasion. "Je suis bien convaincu que c'est infiniment douloureux pour ceux qui voient ces images et que, sans aucun doute, ça n'était pas le plus approprié. Ce sourire [...] ne dit rien sur le positionnement [de Mohamed Amra]", a-t-il encore affirmé. 

Surtout, Me Hugues Vigier, qui a indiqué ne pas encore avoir pu discuter suffisamment avec Mohamed Amra, a reconnu avoir "hésité à vouloir continuer à le défendre". "La vie d'un pénaliste qui est tout le temps aux assises, c'est cette confrontation permanente à de la souffrance, à de la violence, à des choses que l'on considère parfois comme difficilement compréhensibles de la part des hommes mais qu'ils ont pu mettre en œuvre", explique-t-il.

"Défendre, c'est essayer de comprendre"

Et Me Hugues Vigier de poursuivre : "C'est aussi la nécessite de ressentir toute cette émotion, beaucoup d'empathie pour les victimes. Et, en même temps, on défend ceux qui sont responsables de leurs souffrances. [...] Donc on est habitués à cela. Et là, ce qui est différent, c'est que ces actes terribles sont commis dans un temps où nous sommes ses avocats". "Alors oui, c'est d'une autre nature, c'est incroyablement perturbant, c'est d'une violence inouïe", reconnaît encore celui qui adresse ses pensées aux victimes.

Désormais, il réfléchit à la manière dont il défendra son client. Dans un premier temps, il devra déterminer le rôle qu'a joué Mohamed Amra dans son évasion. "J'ai déjà été dans des dossiers où il y avait des évasions, où les gens n'avaient pas été prévenus que l'évasion allait se faire, ne serait-ce que par leur comportement et leur attitude, leur nervosité, leur tension, ils n'attirent pas l'attention", explique-t-il. "Ensuite, si ça n'est pas à son insu, mais qu'il y est impliqué, que savait-il de la manière dont les choses se feraient ?", poursuit Me Hugues Vigier, assurant que cela "n'enlève rien au drame". 

Viendra ensuite le temps de plaider, qui n'est pas encore venu, assure-t-il. "Et puis, viendra le jour où je réfléchirai vraiment à la manière dont on peut essayer de comprendre, parce que défendre, c'est expliquer et inviter les gens à essayer de comprendre, y compris le pire. Ce jour-là, ce sera avec une connaissance du dossier suffisante pour pouvoir m'exprimer sur le rôle qu'on peut imputer à chacun, et notamment à Mohamed Amra", conclut-il.