Le cas de la jeune Mila n’en finit pas de nourrir le débat. Dimanche 2 février, Ségolène Royal, invitée de Dimanche en Politique sur France 3, a eu des mots très durs contre la jeune fille. C'est incroyable comme cette histoire a le pouvoir de faire sortir du bois les gens, de les obliger à prendre leurs responsabilités.
Mila, 16 ans, victime de propos homophobes et sexistes par un dragueur éconduit qui lui a expliqué qu’elle était une insulte à Allah et qu’elle allait brûler en enfer, a répondu en crachant allègrement sur les religions en général et l’Islam en particulier, en des terme qu’on peut trouver excessifs ou vulgaires. S’en sont suivi un déferlement d’insultes et de menaces de mort et l’impossibilité pour elle de se rendre à son lycée.
La gauche dans son ensemble a été d’une discrétion effarante, de même que les médias, des Inrocks à Médiapart, en passant par Télérama. Tout à coup, l’homophobie, le sexisme, ça n’était plus si grave. Côté politiques, Martine Aubry invite à "faire preuve de retenue et éviter ce genre de propos, même si les menaces sont inacceptables." On a tous entendu la ministre de la Justice expliquer que "les insultes à la religion sont évidemment une atteinte à la liberté de conscience." Hallucinant. Voltaire et Rabelais attentent à la liberté de conscience. Charlie Hebdo aussi.
Se soumettre à l’interdit du blasphème, mais c’est au nom du respect
Natacha Polony
Ségolène Royal a voulu distinguer le cas de Mila de celui de Charlie Hebdo. Elle répond que le rapprochement est irresponsable : "Il y a une liberté de critiquer les religions, mais moi je refuse de poser le débat sur la laïcité à partir des déclarations d'une adolescente de quinze ans. Revenons à des choses sérieuses : une adolescente, peut-être encore en crise d'adolescence, si elle avait dit la même chose sur son enseignant, sur ses parents, sur sa voisine, sur sa copine, qu'est-ce qu'on aurait dit ? Un peu de respect". Vous aurez compris : la religion, c’est comme les parents ou les profs, ça se respecte, parce que c’est l’autorité. Et puis, rejeter un dogme, c’est comme rejeter une personne.
En 2006, Le Monde publiait un article sur la future candidate à la primaire socialiste. On y apprenait qu’après la polémique autour des caricatures de Mahomet, elle trouvait inadmissible qu’on insulte l'image sacrée du Prophète musulman et lançait à Jean-Pierre Mignard : "N'aie pas peur, Jean-Pierre ! Je ne laisserai pas insulter Dieu !".
Mais Ségolène Royal n’a peut-être pas tort d’expliquer qu’il ne faut pas faire de cette jeune fille un étendard. Elle n’est pas un étendard, elle est un révélateur, au sens chimique du terme. Ségolène Royal s’est toujours entourée de ceux qui défendent une conception minimale de la laïcité, comme Jean-Louis Bianco, le président de l’Observatoire de la laïcité.
Ce n’est pas parce
qu’elle brandissait le drapeau bleu-blanc-rouge ou la Marseillaise qu’elle
était républicaine. C’est juste parce qu’elle aime l’ordre. Ce qu’elle nous dit, c’est : pas de hiérarchie
entre insulter la religion et menacer de mort un non-croyant. En France, on
doit se soumettre à l’interdit du blasphème, mais c’est au nom du respect.
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