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Des piétons traversent la rue Gran Via, dans le centre de Madrid, le 3 juillet 2024.
Crédit : OSCAR DEL POZO / AFP
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Quand on parle de Madrid, certains imaginent un immeuble au cœur de la capitale espagnole, dans une rue pavée baignée par la lumière du soir. À quelques mètres, un musicien de flamenco installe sa chaise, tandis que l’air embaume le jambon ibérique. Attablé à un café, apéritif en main, le visiteur savoure un instant de carte postale. C’est cette image que Madrid vend à ses touristes et ils sont toujours plus nombreux à vouloir la vivre. En 2024, la ville a enregistré un record : plus de 11 millions de visiteurs.
Mais derrière la carte postale se cache une autre réalité, bien moins idyllique. Dans un immeuble du centre-ville, une famille a porté plainte après avoir enduré des mois de nuisances liées aux locations touristiques. Sur 60 logements, 10 étaient régulièrement loués à la nuitée via des plateformes. Résultat : des allées et venues incessantes, des fêtes bruyantes, des vacanciers ivres, voire des comportements totalement déplacés dans les parties communes.
Selon le journal El País, les parents et leurs deux enfants vivaient un véritable cauchemar : vacarme nocturne, passages fréquents des équipes de ménage, épuisement. La mère, privée de sommeil, a développé un syndrome dépressif et perdu son emploi. Malgré les plaintes, les rappels à l’ordre, et même des amendes allant jusqu’à 16 000 euros, les troubles persistaient. La famille a alors saisi la justice... et a gagné.
Le tribunal a statué que les nuisances portaient atteinte à la vie privée et à la tranquillité du foyer. Résultat : les locations touristiques seront désormais interdites dans l’immeuble, et la famille a obtenu une indemnisation de 37.000 euros, dont près de 10.000 euros par enfant.
Une décision inédite, que même la mairie de Madrid n’était jamais parvenue à faire appliquer. Et ce qui marque les esprits, c’est le principe retenu par le tribunal : ce ne sont pas les locations en elles-mêmes qui sont en cause, mais bien les nuisances qu’elles engendrent. Le droit à une vie paisible, à l’intimité, a été jugé supérieur au droit à la propriété.
Madrid avait déjà engagé un bras de fer contre le tourisme de masse. À partir d’août, les locations saisonnières seront interdites dans les immeubles résidentiels de l’hypercentre. Parallèlement, l’offre hôtelière doit être renforcée pour répondre à la demande.
Cette affaire donne espoir à d'autres métropoles européennes. De Lisbonne à Naples, en passant par Paris, les villes touristiques cherchent des solutions face à l’exaspération croissante des habitants : flambée des loyers, pénurie de logements pour les locaux, dégradation de la qualité de vie.
Le 15 juin dernier, des milliers de manifestants ont défilé dans les rues de plusieurs grandes villes, comme le rappelle The Guardian. À Barcelone, les graffitis fleurissent : "Un touriste de plus, un voisin de moins". Un message clair : le tourisme de masse, tel qu’il est aujourd’hui, n’est plus soutenable. Madrid a lancé un signal fort. Reste à savoir quelles villes suivront.
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