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Illustration ville de Marseille
Crédit : GARDEL Bertrand / hemis.fr / hemis.fr / Hemis via AFP
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Deux ans, jour pour jour, après les attaques du 7 octobre 2023, les négociations se poursuivent en Égypte, entre Israël et le Hamas, pour obtenir la libération des otages retenus à Gaza. En France, le début du conflit et des bombardements a eu des conséquences sur les musulmans et juifs de l'Hexagone.
Tout ne se mesure pas avec des chiffres. Derrière ceux, en hausse, des agressions antisémites et islamophobes en France, il y a aussi des ruptures amicales, du désespoir et la désagréable sensation qu’il faut "choisir son camp", comme l'illustrent Nina et Constant, que RTL a pu rencontrer à Marseille.
Nina, la trentaine et maman, est musulmane et présidente de l’association Shebba, une importante structure qui œuvre pour l’insertion et la formation des femmes dans les quartiers nord de Marseille. Constant, lui, est débarqué de banlieue parisienne en 2020. Ce jeune papa de culture juive travaille comme consultant en communication dans la politique et le sport professionnel.
"En parlant avec mon médecin, qui m’expliquait que tous les appareils de radiologie étaient fabriqués en Israël, j’ai compris au fur et à mesure de la discussion qu’il était favorable à cette guerre. Et ça a été terminé", explique Nina. La jeune femme n’a pas hésité à changer de médecin de famille. Elle lui a assuré "ne pas pouvoir cacher ses sentiments".
Pour Constant, la déflagration a heurté le cercle amical. "On ne s’est pas embrouillé directement à cause de la situation à Gaza, mais ça a créé une forme de tension entre nous", a remarqué le papa. "Des amis que je voyais toutes les semaines, pourtant. Mais il devenait impossible d’avoir des discussions nuancées. De dire qu’évidemment on condamne la situation dramatique à Gaza, mais que l’on condamne aussi ce qu’il s’est passé avant. Aujourd’hui, on ne se parle plus", regrette ce petit-fils de déportés.
"on voit des enfants mourir chaque jour et des gouvernements qui ne font rien"
Nina
Les premiers mois de bombardements, Nina passait ses soirées sur son smartphone : "j’avais le moral à zéro, devant un enfant avec les jambes coupées par une bombe, un petit qui a pris une balle dans la tête". "J’ai passé des nuits à pleurer devant tant d’inhumanité", a-t-elle relaté, touchée par l'inaction des "gouvernements européens".
Elle était hypnotisée par ce défilé de vidéos violentes, "jusqu’à ce que mes collègues et ma famille me disent d’arrêter de regarder, que j’étais en train de me détruire. Alors, j'essaye, mais c’est impossible d’oublier". Depuis, la mère de famille manifeste quand elle le peut, boycotte Coca-Cola et McDonald's. Nina a également résilié son abonnement chez SFR et ne promenait plus son caddie chez Carrefour, jusqu’à ce que l’enseigne affirme récemment ne plus ouvrir de magasins dans les territoires occupés.
J'ai l'impression que mon statut de français passe après mon statut de juif
Constant
Constant a plus de 8.500 followers sur X, anciennement Twitter. "Moi, je n’en parle plus du tout, ni dans la vraie vie, sur les réseaux sociaux", a-t-il affirmé au micro de RTL. Selon lui, "ça ne mène à rien, à part s’engueuler ! Juste après l’attentat du Hamas, j’ai posté une question pour demander quelle pourrait être l’unité de l’armée américaine qui serait capable d’aller chercher les otages. J’ai été insulté à la fois d’islamophobe et d’antisémite".
La puissance des mobilisations pro-palestiniennes en France l’interroge aussi. Il se demande, par exemple, "pourquoi il n’y a pas la même chose pour l’Ukraine ?". Parmi la foule, largement pacifique, le consultant en communication entend certaines personnes scander "des slogans qui s'approchent de l'antisémitisme, forcément on se sent visé"
"Pourquoi la communauté Juive française devrait se prononcer sur les actes de Netanyahu ?" se demande t il. Jugeant que "ça n’a aucun rapport". Selon lui, "devoir s'excuser pour un truc qui ne se passe pas sur mon territoire, de la part d'un Président pour lequel il n'a pas voté" est "aussi absurde que lorsqu’on a demandé aux musulmans français de se positionner après les attentats de Charlie Hebdo".
"Je n’ai aucun lien avec Israël et c’est ça qui a changé depuis deux ans : j’ai parfois l’impression qu’on me force à choisir un camp, que mon statut de français passe après mon statut de juif", a complété ce petit-fils d’immigré Polonais.
Pour la présidente de Shebba, "ce n’est pas un conflit entre juifs et
musulmans mais simplement une question d’humanité". "Oui, ça se passe
là-bas, et on est assez intelligents pour que le conflit ne se reporte
pas ici, entre nous, mais on ne peut pas laisser faire sans rien dire", a
déploré la mère de famille. Elle a d’ailleurs remarqué que "les plus
actifs dans les manifestations, ce sont les collectifs de jeunes juifs
pour la paix', qui, selon elle, "font plus que les musulmans à
Marseille".
Constant et Nina espèrent que les négociations pour un cessez-le-feu aboutiront rapidement.
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