INVITÉ RTL - "S'il y a de l'antisémitisme, c'est que la société est malade plus profondément", estime Haïm Korsia

Israël est au cœur de l'actualité depuis plusieurs mois. La situation au Proche-Orient ne s'améliore pas, depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre dernier. La France fait également face à une recrudescence des actes antisémites, à l'image des mains rouges taguées sur le mémorial de la Shoah à Paris, dans la nuit du 13 au 14 mai dernier. Le Canard enchaîné y voit d'ailleurs une provocation de la Russie.

"C'est ce qu'il y avait eu pour les étoiles bleues taguées dans tout Paris", rappelle Haïm Korsia, le grand rabbin de France. "Ma règle est simple : tant que les services de police ne donnent pas des éléments factuels, probants et qui nous permettent d'avoir une idée du pourquoi et du comment, je ne dis rien. J'ai été choqué mais je ne l'ai imputé à personne." 

"C'est tellement simple d'avoir un responsable pour chaque chose", estime encore le rabbin, sur la désignation de la communauté juive en France. "Ce que je vois, c'est qu'on est dans une volonté de briser quelque chose dans la société, une sorte de fracture interne. Des pays qui ne nous aiment pas forcément, veulent nous fracturer sur la question de l'antisémitisme, comme si effectivement c'était la clé de l'acceptabilité de quelqu'un qui est comme moi, mais qui revendique une différence. S'il y a de l'antisémitisme quelque part, c'est que la société est malade plus profondément."

Les juifs de France ne sont pas plus différents que les Français non juifs

Haïm Korsia

Dans son dernier ouvrage, Comme l'espérance est violente, Haïm Korsia appelle entreprises technologiques à contrôler les contenus qui circulent sur les réseaux sociaux. "C'était le contenu absolu de la loi Avia, qui a été sabrée par le Conseil constitutionnel parce que ce dernier estimait que c'était disproportionné", rappelle le grand rabbin de France. "Compte-tenu de la situation actuelle, on se dit que ce n'était vraiment pas disproportionné."

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Il propose également un "shabbat du numérique", un jour de "libération de toute servitude" : "On devient prisonnier, esclave de la technologie qui est chargée de nous libérer. Je pense qu'il faut qu'on retrouve cette capacité à exercer notre liberté du temps. [...] Il faut respecter notre capacité à produire de l'intimité !"

"Les juifs de France ne sont pas plus différents que les Français non juifs", conclut Haïm Korsia. "On subit les mêmes pressions dans la société, la même violence, la même incertitude et je crois que c'est notre vocation, parce que justement juifs, de réinstiller dans la société, cette forme d'espérance qui a toujours été l'apanage du peuple juif. On doit le faire pour l'ensemble de la société, voilà notre état d'esprit."

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