Paracétamol et autisme : Donald Trump a-t-il raison de parler d'un "risque accru" chez l'enfant ?

Le paracétamol à mauvaise presse outre-Atlantique. Selon Donald Trump, le médicament le plus vendu au monde - commercialisé aux États-Unis sous le nom de Tylenol - doit être déconseillé aux femmes enceintes. Il entrainerait un "risque très accru d'autisme" chez les enfants. Une annonce qui a fait bondir la communauté scientifique. 

Face à la hausse des cas d'autisme, le président américain et son ministre de la Santé, le très décrié, Robert F. Kennedy Jr, se sont donné pour mission de découvrir la cause de cette augmentation. Après avoir pointé du doigt le vaccin de l'hépatite B et la rougeole, les deux hommes ont attiré l'attention sur les dangers de l'acétaminophène (un autre nom du paracétamol, ndlr).

Un lien avec l'autisme ?

"N’en prenez pas, n’en donnez pas à votre bébé", a affirmé le président américain lundi 22 septembre 2025. "Selon une rumeur, et j'ignore si c'est le cas, ils n'ont pas de paracétamol à Cuba car ils n'ont pas de quoi s'offrir de paracétamol. Eh bien, ils n'ont quasiment pas d'autisme", a-t-il ajouté.

Donald Trump a affirmé que la Food and Drug Administration conseillerait à présent aux médecins de ne prescrire de l'acétaminophène aux femmes enceintes qu'en cas de nécessité médicale absolue.

Après cette déclaration, le collège américain des gynécologues et des obstétriciens a indiqué de son côté que le paracétamol peut être utilisé sans danger pendant la grossesse, mais conseille aux patientes d'en discuter avec leur médecin, comme pour tout médicament.

Sur quoi se base Donald Trump ?

Le président américain et ses partisans se basent sur une analyse de la Chan School of Public Health de l'université Harvard, qui révèle que les enfants exposés au Tylenol pendant la grossesse seraient plus susceptibles de développer de l'autisme et d'autres troubles du développement neurologique. Parmi les 46 études examinées dans cette analyse, 27 ont mis en évidence un tel lien. 

Contacté par RTL, le Pr Benoit Marin, responsable du Centre de Référence sur les Agents Tératogènes (Crat) assure que "Donald Trump se fonde sur des données qui sont contradictoires, incomplètes et insuffisamment fondées". "Il y a des recherches bien sûr qui ont été menées sur le risque éventuel de l'usage du paracétamol en cours de grossesse sur le neurodéveloppement de l'enfant mais les études qui retrouvent un lien sont hétérogènes et ont des faiblesses méthodologiques", explique-t-il. Ces données ne suffisent pas à justifier un changement de pratiques, estime l'expert.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) partage également cette conclusion en affirmant publiquement, mardi 23 septembre, qu'aucun lien avéré n'a été établi. "Les preuves restent incohérentes", a indiqué un porte-parole. 

Que disent les recherches européennes ?

Selon une étude suédoise menée sur 2,5 millions d’enfants, et publiée en 2024 dans le Journal of the American Medical Association (Jama), la prise de paracétamol durant la grossesse n'est pas corrélée au risque d'autisme ou de troubles du développement neurologique chez l'enfant. Cette étude "a bien mis en évidence que des facteurs de confusion non pris en compte pouvaient tout à fait expliquer cette association", explique le Pr Benoit Marin. 

"Ce qui est encore plus important, c'est que dans cette étude, quand ils ont comparé les femmes qui avaient eu plusieurs grossesses avec une grossesse exposée et une grossesse non exposée au paracétamol, donc en maîtrisant de façon très poussée les facteurs socio-économiques, environnementaux, familiaux, éventuellement l'héritabilité, l'association n'existe plus", poursuit-il. Une conclusion également partagée par une étude japonaise, selon l'expert.

Quelles sont les préconisations ?

Les consignes sanitaires demeurent les mêmes. "On peut tout à fait prendre du paracétamol quand on est enceinte", soutient à RTL, Olivier Marpeau, docteur en gynécologie et auteur du livre Mille questions à mon gynéco : Des réponses sans tabou, aux éditions Jouvence. 

"La fièvre est dangereuse, elle peut interrompre la grossesse et la meilleure façon de traiter la fièvre, c'est le paracétamol", explique le médecin qui souligne néanmoins l'importance de "respecter la dose minimale efficace" et de limiter la consommation de paracétamol à "la durée la plus courte possible". Un surdosage peut provoquer des lésions sévères au niveau du foie, notamment. 

Qu'il s'agisse de paracétamol, ou d'un autre médicament, les femmes enceintes doivent à tout prix éviter l'automédication et consulter un médecin ou vérifier auprès d'un pharmacien en cas de doute. Le Centre de Référence sur les Agents Tératogènes (Crat) dispose également sur son site internet d'une liste des médicaments dangereux pendant la grossesse à disposition des professionnels de santé mais également du public. 

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