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Carlos Tavares, le 31 mars 2022
Crédit : Mauro Ujetto / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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Cette année, c’est en effet un salaire exceptionnellement élevé, un peu plus de 36 millions d’euros au total. Avec un fixe annuel de deux millions, auxquels s’ajoutent différentes primes, bonus et gratification pour la retraite, pour atteindre ce montant sans précédent pour un patron salarié français d’un grand groupe. Mais ce salaire est-il pratiqué ailleurs ?
Il y a des patrons qui s’en approchent aux États-Unis, notamment celui de Ford. Quant aux patrons entrepreneurs, qui ont fondé leur entreprise et sont actionnaires majoritaires, ils peuvent gagner bien plus que cela en dividendes, en France aussi. Ou encore ceux qu’on ne connaît pas et qu’on n’entend pas, les dirigeants des fonds d’investissements ou de banques d’affaires, qui encaissent parfois plus de 10 millions d’euros alors que leur utilité sociale est, disons, parfois questionnable. Ce salaire est-il justifié ?
Est-ce que les plus de 100 millions annuels de Mbappé sont, eux, justifiés ? L’utilité sociale du patron de l’un des plus grands groupes automobiles mondiaux, avec 250 000 salariés, est-elle moindre que celle d’un gamin qui pousse une balle sur l’herbe entre deux poteaux avec un filet tendu ? Honnêtement, ça aussi, se discute. C’est vrai que 36 millions d’euros, c’est une rémunération extravagante. Mais ce qu’a réussi Tavares est extraordinaire.
Quand il est entré chez Peugeot-Citroën, l’entreprise était en faillite, il y a dix ans seulement. Elle ne s’était jamais remise de la crise de 2009. Il y a eu un gros travail de restructuration, assumé en partie par son prédécesseur, Philippe Varin, avec en particulier la fermeture de l’usine Aulnay et la suppression de 8.000 emplois. Il a repris la barre, brillamment, avec le succès de la 3008.
Avec le retour à la profitabilité, puis le rachat d’Opel, un constructeur allemand, lui aussi redressé en un an. Puis avec la fusion avec un autre européen, Fiat-Chrysler, pour en faire un géant automobile assis sur deux continents, l’Europe et les Amériques. Le tout avec des bénéfices de presque 18 milliards en 2023, et des marges qu’on pensait inatteignables pour un constructeur généraliste.
Les syndicalistes de PSA disent qu’en effet, il a bien travaillé pour les actionnaires. C’est vrai, ils ont empoché de très bons dividendes. Mais il n’y a pas que ça. Une entreprise qui fait de tels bénéfices préserve son avenir, alors qu’il faut investir énormément, dans cette activité. Mais la question d'acceptabilité sociale avec ces salaires fous se pose.
L’acceptabilité n’est pas la même dans tous les pays. En France, la tolérance est plus faible qu’aux États-Unis. Or, Stellantis est un groupe à cheval entre la France, l’Italie et les États-Unis. Ce n’est pas à l’entreprise de régler ça. C’est à l’état, avec le niveau de fiscalité qui s’applique à de telles rémunérations, de corriger s’il le souhaite.
La fixation du salaire elle-même, c’est la prérogative du patron du patron, le propriétaire de l’entreprise, c’est-à-dire l’actionnaire. Et les actionnaires ont voté ce salaire à 70% hier. L’État français lui-même, actionnaire important de l’entreprise, n’a pas voté contre. Il s’est abstenu.
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