ÉDITO - Russie : "En rétablissant la dictature, Poutine a mis fin au délabrement de l'économie", affirme Lenglet

Vladimir Poutine devrait être réélu pour un 5e mandat. Mais il ne faut pas se tromper sur cette victoire. Même si l’opposition est dramatiquement muselée, embastillée et assassinée, Poutine obtiendra des suffrages massifs. Il est apprécié par les Russes, en particulier par les classes populaires. 

Pour le peuple russe, Poutine est l’homme qui a rétabli l’autorité et remis le pays sur pied. Pour nous, Occidentaux, l’explosion de l’URSS en 1991 est une victoire de la liberté et de la démocratie. 

En Russie, c’est le début de la descente aux enfers, avec un appauvrissement général, la disparition des services publics, la montée de la criminalité, la fonte des retraites, la perte d’influence internationale, et l’enrichissement dément d’une petite clique d’aventuriers, les oligarques, qui se sont répartis les actifs du pays. Poutine, en rétablissant une dictature, a mis fin à ce délabrement.

Augmentation des salaires, chômage au plus bas...

Cette année, les salaires du bas de l’échelle ont augmenté de 20%, largement plus que l’inflation. Le chômage est à son plus bas, tout comme le taux de pauvreté, aux alentours de 10%, alors qu’il était trois fois plus élevé pendant la parenthèse d’anarchie libérale. 

Il y aurait 2,5 millions d’emplois à pourvoir, faute de bras, à cause de la mobilisation des soldats et de l’exode de plusieurs centaines de milliers de Russes qui ont fui le pays lors de l’invasion de l’Ukraine. La situation sanitaire s’est améliorée, le démographe Emmanuel Todd pointe par exemple la baisse du taux de mortalité infantile, qui avait explosé il y a trente ans. 

La guerre fait des victimes. Mais l'État indemnise largement les familles des morts et des blessés. Poutine a multiplié les aides et les promesses, à la veille de l’élection, à la fois pour la santé, pour l’emploi et pour les provinces. 

D'où vient l'argent ?

Un fonds de réserve a été constitué avant la guerre. Aujourd’hui, il est vidé de moitié. La Russie a surtout les recettes d’exportation des énergies fossiles, pétrole et gaz, ainsi que le charbon. Le pays encaisse encore 700 millions d’euros par jour, provenant principalement de la Chine, de la Turquie et l’Inde. 

Avec tout cela, la croissance économique n’est pas mauvaise, entre 2 et 3% annuels, grâce à l’activité des usines d’armement qui tournent à plein régime. Les dépenses militaires sont à un plus haut historique, 6% du PIB. 

Mais de forts signes de tension apparaissent sur le marché du travail, à cause de la ponction qu’exerce le secteur de l’armement. Cette situation entretient bien sûr l’inflation. Et la multiplication des dépenses a fortement creusé le déficit. 

Juste avant l’élection, Vladimir Poutine a d’ailleurs annoncé une hausse d’impôts pour les classes aisées, les revenus supérieurs à 50.000 euros par an. Le salaire moyen est de 9.000 euros annuels. L'objectif est double : remplir un peu les caisses et contenter les classes populaires. Mais au rythme où part l’argent, ce ne sera sans doute pas la dernière hausse d’impôts.

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