Les tranches de l’impôt vont être relevées cette année du montant de la hausse des prix, environ 5%, pour tenir compte de la dépréciation de la monnaie. En 2021 par exemple, la première tranche débutait à 10.225 euros. En dessous de ce revenu annuel, on n’était pas imposable. En réalité c’est un peu plus, parce qu’il y a les abattements. En 2022, ce seuil va donc être relevé de 5%, soit 500 euros environ. Toutes les tranches supérieures suivront.
Cette pratique se fait chaque année, c'est vrai, mais cette année est exceptionnelle, car les salaires n’augmenteront, pour ce qui est prévu à ce jour, que de 2 à 2,5%. Les contribuables vont donc profiter d’une baisse d’impôt sur le revenu, parce que les tranches augmentent plus que leurs salaires. Il est même probable que des centaines de milliers de foyers deviennent non imposables, ceux qui sont à la limite. C’est un pas de plus vers l’indexation généralisée.
Tout pourrait donc progresser au rythme de l'inflation. C’est déjà le cas pour les retraites, les prestations sociales, qu’on va augmenter les fonctionnaires, que mercredi encore la nouvelle ministre de la Santé a annoncé qu’on allait doubler le prix des heures sup pour le personnel médical pendant l’été. La pression de la hausse des prix est trop forte. Il y a encore une anomalie, importante : les salaires du privé, qui sont collés entre 2 et 3%. Mais cela ne devrait pas durer.
Encore mercredi 8 juin, le patron de l’une des plus grandes entreprises industrielles françaises nous disait qu’il allait probablement ouvrir de nouvelles négociations salariales après l’été, pour compléter celles de début 2022. En fait, deux phénomènes se conjuguent, les demandes des salariés, je ne serais pas étonné qu’on voie se multiplier les conflits salariaux, et la pénurie de main-d’œuvre, dont RTL a parlé toute la semaine, qui change le rapport de forces.
Le risque de voir la compétitivité française se dégrader est faible parce que tous les pays vont faire pareil. Nous pourrions même gagner en compétitivité, car l’inflation française est jusqu’ici plus faible que chez nos voisins. Le problème, c’est vrai, toutes les entreprises n’ont pas les mêmes marges de manœuvre. Les grandes ont une profitabilité excellente, les petites, c’est beaucoup plus hétérogène. Mais toutes ont cette question devant elles. Il est probable que les primes Macron et autres extincteurs de fortune ne suffisent pas, face à la flambée des prix qui s’accélère.
Dans cet environnement, on en a perdu
l’habitude, la question sociale et politique de première importance, c’est
l’indexation sur les prix, indexation des revenus et des prélèvements. Parce que la
hausse des prix est une très puissante machine à prélever les revenus, et que
seule l’indexation permet d’en limiter la morsure. Cette question est devant
nous, ça sera la plus importante de l’automne.