Aux États-Unis, où on l’observe le plus, le mouvement a été baptisé, "the great resignation" ou "the big quit" : la grande démission. On constate en effet plusieurs millions de démissions par mois, ce qui est inhabituel. En France aussi, on l’a vu apparaître en 2021. À la fin de cette année-là, le nombre de démissions et de ruptures conventionnelles était sans précédent, avec un quasi doublement par rapport au point bas, lors du premier confinement de 2020. Par rapport à la dernière année normale, 2019, on notait alors une progression de l’ordre de 20%. Ce n’est pas rien.
Le mouvement pourrait être attribué à une désaffection vis-à-vis du travail. L’épidémie aurait affaibli le lien à l’entreprise et au travail, et surtout, elle aurait provoqué de profondes réflexions des salariés, qui désormais s’interrogeraient sur le sens de leur vie, en considérant que le travail ne les épanouissait pas vraiment.
Il y a de quoi être sceptique. D’abord parce que rares sont ceux qui peuvent se permettre de s’asseoir pour réfléchir à leur avenir professionnel, en se demandant s’ils vont continuer à travailler ou partir en Lozère. Il faut avoir gagné au loto ou avoir un conjoint compréhensif. Ensuite parce que, c’est frappant, la courbe des démissions, aussi dynamique qu’elle est, suit rigoureusement la même évolution que celle des embauches.
Les salariés démissionnent donc pour aller travailler ailleurs, tout
simplement. L’envolée des démissions est le signe habituel que le marché du
travail s’améliore, que les offres d’emplois sont plus nombreuses, et que les
gens cherchent des opportunités ailleurs, en particulier pour améliorer leurs salaires.
C’est net à la fois en France et aux États-Unis, dans les deux pays, les créations
d’emplois sont très élevées.
Deux indicateurs confirment que le mouvement n'est pas un refus de travail. D'abord, à ce jour, il n’y a jamais eu autant d’emplois salariés en France. Les Français ne sont pas devenus éleveurs de chèvres ou contemplatifs. Puis, le taux d’emploi, c’est-à-dire la proportion de personnes occupées à plein temps ou non, est également à un niveau historique. Pour les 18-24 par exemple, il est à 32,2%, au plus haut depuis 20 ans. Record également pour les 25-54 ans. Quant aux séniors, les 55-64, leur taux d’emploi est à 56%, il y a vingt ans c’était 38% seulement ! Cela veut bien dire que la France est au travail, plus qu’elle ne l’a jamais été dans les dernières décennies.
Le Covid-19 et les confinements ont changé des choses, ou plutôt accéléré des changements en cours. On demande du sens à son job, en particulier les jeunes. On lui demande aussi davantage de liberté, le télétravail par exemple, là où c’est possible, en particulier chez les jeunes toujours. Mais cela n’a rien à voir avec du désengagement ! Il s’agit au contraire d’exigences nouvelles. Cela semble témoigner, non pas de vouloir changer de vie pour ne plus travailler, mais de changer le travail. Et tant mieux.
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