Où sont donc passés les salariés, pour que les emplois non pourvus soient si nombreux en France ? Franchement, ça fait plus de trente ans que je suis journaliste économique, je n’ai jamais vu une situation pareille. La première chose à avoir en tête, c’est que la France subit un gigantesque effet de ciseau. D’un côté, on a créé un million de postes, pourvus ceux-là, depuis le point bas de l’épidémie. Si même on compare avec la fin 2019, avant le premier confinement, le compteur affiche + 400.000. Et de l’autre côté, la population active n’augmente plus, pour des raisons de pyramide des âges. Le nombre d’actifs chez nous, personnes entre 15 et 64 en poste ou recherchant un emploi, est resté stable depuis 2017, aux alentours de 29 millions. En fait, on n’a plus de réserves de main-d’œuvre !
Il y a quand même plus de deux millions de chômeurs, pourquoi ne prennent-ils pas les postes non pourvus ? Ce n’est pas si simple, parce que les chômeurs et les postes ne sont pas toujours dans les mêmes régions. 80% des postes à pourvoir seraient dans les métropoles, c’est là où se concentre désormais l’activité économique. Et il y a aussi des problèmes de formation. On ne devient pas chauffagiste ou plombier en lisant une notice d’utilisation.
Quid des immigrés qui arrivent en France ? Là encore, nombre d’entre eux ne sont pas employables tout de suite, les étudiants, les réfugiés, ceux qui viennent au titre du regroupement familial. La France n’accueille que peu d’immigration dite "économique". En plus, les employeurs, même en période de pénurie, sont assez réticents à employer des étrangers, soit pour des raisons de formation ou de connaissance de la langue insuffisante.
Mais avant le coronavirus, la France fonctionnait à peu près, cela veut-il dire qu’on a perdu des salariés ? C’est certain dans un secteur comme la restauration, qui a perdu au moins 200.000 personnes. Découragées par la fermeture pendant les confinements, elles sont allées notamment dans la grande distribution ou dans la livraison logistique, qui avaient besoin de bras. Et elles y sont restées, parce que les horaires et les conditions de travail y sont meilleurs. On retrouve ces pénuries sectorielles dans le secteur du soin à domicile, des gardes d’enfants.
Et dans la santé, il manque plutôt des heures que des salariés. Les infirmières et les médecins préfèrent désormais faire des vacations plus courtes, mieux payées, plutôt que de prendre des postes de titulaires où ils sont dévorés par l’administratif. Là, c’est plutôt un problème d’organisation du secteur. Au total, quand vous additionnez la démographie, la reprise forte de l’économie après le coronavirus, les salaires insuffisants ou les conditions de travail dures dans certains secteurs comme la restauration ou la santé, vous avez l’explication des pénuries de ressources. Alors à cela s’ajoute, depuis l’envolée des prix du carburant, ceux qui, au sein d’un couple, n’ont plus guère d’intérêt financier à travailler. Entre la facture d’essence, le coût d’une garde pour les enfants, celui des repas de midi pris à l’extérieur… Pour faire revenir ceux ou celles-là, la recette est simple : une rallonge sur les salaires.
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