Déserts médicaux : 3 initiatives locales pour attirer des jeunes médecins
À défaut de résultats dans la lutte du gouvernement contre la désertification médicale dans certaines espaces du territoire, des initiatives émergent au niveau local.

Le phénomène de la désertification médicale n'en finit pas de s'aggraver en France. Alors que l'on constate une augmentation du nombre de médecins au niveau national, les nombreux départs à la retraite conduisent à une absence d'offre médicale dans certains territoires. C'est principalement au niveau rural que cela se joue car, si on dénombre 193,5 médecins pour 100.000 habitants à Paris, ils ne sont que 93,8 pour 100.000 dans l'Eure-et-Loir, selon les données du Conseil National de l'Ordre des Médecins.
Pour endiguer ce phénomène, qui provoque une inégalité en terme d'accès aux soins, le gouvernement a lancé en 2012 le Pacte territoire-santé. Formation des médecins, mesures d'incitation à l'installation, développement d'infrastructures de soin... les actions pour lutter contre les déserts médicaux se multiplient mais le problème persiste. Face à la pénurie de médecins qui ne cesse de croître dans certaines zones du pays, des initiatives ont émergé au niveau local.
1. Hauts-de-France : un site pour "dynamiser le territoire sur le plan médical"
Pour palier à une offre de soin déficitaire dans la région des Hauts-de-France, des jeunes médecins généralistes ont lancé une application nommé RemplaNor. Elle permet aux praticiens installés de déposer des annonces lorsqu'ils souhaitent être remplacés (pendant leurs vacances par exemple), aux jeunes médecins de trouver des remplacements mais également les annonces des médecins qui partent à la retraite et qui cherchent un successeur. L'application revendique pas moins de 3.100 généralistes dont 1.350 remplaçants.
En plus de cette application, le gérant du site a récemment obtenu l'autorisation du conseil régional de l'ordre des médecins pour la création d'un nouveau contrat, plus souple, celui de médecin-assistant. Un statut qui permet à un jeune praticien de venir renforcer son aîné dans les zones en manque de médecins, le remplacer lorsqu'il n'est pas là et ce, sans avoir les contraintes administratives d'une installation. Un dispositif encadré dans le temps, entre un mois et deux ans. "Les médecins n'en peuvent plus parce que parfois ils sont seuls, ils ont besoin d'aide (...) Ce contrat va permettre de les aider et de pouvoir passer la main et cela permet également de dynamiser le territoire sur le plan médical", s'est félicité Timothée Wattine, médecin généraliste à l'hôpital d'Hazebrouck (Nord) et fondateur du site RemplaNor, interrogé par France Bleu Nord.
2. Occitanie : 1er Forum de l'installation en médecine générale
C'est une première dans la région. L'association des Internes de médecine générale (AIMG-MP) a décidé de se saisir du problème des déserts médicaux en organisant à Toulouse le premier Forum de l'installation en médecine générale. L'objectif ? Aider les futurs médecins à rencontrer leurs aînés installés en secteur rural et leur permettre d'entrer en contact avec les responsables de collectivités territoriales qui souhaite favoriser leur installation sur leurs territoires. 80 internes en médecine générale y ont participé et ont rencontré 70 médecins et responsables territoriaux.
Interrogée par La Dépêche, Camille Tricart, la présidente de l'AIMG-MP, a indiqué que le problème lié à l'installation des jeunes en zone rurale est principalement lié au manque d'information et de connaissance du terrain : "60 % des internes de médecine générale ne sont pas originaires de la région. Ils n'en connaissent donc pas les territoires. Il faut leur donner les moyens de les découvrir en faisant des stages chez des généralistes installés en zone rurale", a-t-elle assuré.
3. Finistère : un "Généraliste Dating"
En Bretagne, pour promouvoir l'installation auprès des jeunes médecins, l'Agence régionale de santé (ARS) Bretagne a organisé pour la seconde fois un "Généraliste Dating" dans le Finistère. Le concept est simple : des généralistes mais aussi des pharmaciens ou des infirmières ont chacun leur stand dans la Faculté de médecine de Brest. L'occasion de promouvoir la commune dans laquelle ils exercent et ainsi inciter des jeunes médecins à y faire des remplacements voire à s'y installer avec eux.
En plus du stand, ils ont tous réalisé un clip de 60 secondes dans lequel ils présentent les atouts de leur territoire et leurs spécificités : maison médicale rassemblant des médecins et des paramédicaux, société coopérative d’intérêt collectif, salariat… "Je ne savais même pas qu’il existait toutes ces possibilités", a réagi Alysée, une interne en médecine générale, interrogée par Pourquoidocteur.
Informer et faciliter les rencontres
Ces initiatives ne sont pas isolées. Beaucoup d'autres ont émergé aux quatre coins de la France pour prendre à bras le corps ce problème des déserts médicaux. Ces trois initiatives montrent qu'il est important pour les jeunes médecins d'entrer en contact avec leurs aînés et de savoir qu'ils seront entourés et soutenus. Mais surtout, ces rencontres sont aussi l'occasion d'apporter une quantité d'information à ces jeunes médecins, notamment sur les infrastructures ou encore les salaires, et qui peuvent constituer un intérêt pour eux de venir s'installer dans des zones déficitaire en terme d'offre de soin.
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