"Dès qu'on a un verre de retard, on en reprend un" : RTL a enquêté sur Beer Buddy, l'appli qui compte les verres entre amis

La technologie se met-elle désormais au service des excès ? Après le phénomène du “binge drinking”, qui consiste à boire le plus d’alcool possible en un minimum de temps, une application attire l’attention des autorités : Beer Buddy. Ce réseau social, déjà téléchargé 7 millions de fois dans le monde, inquiète par la manière dont il banalise la consommation d’alcool.

Le fonctionnement est simple. Les utilisateurs partagent une photo de leur boisson – bière, cocktail, vodka... – accompagnée de leur localisation. "Dès qu'on boit un verre quelque part, en terrasse ou chez des amis, on poste une photo. Cela permet aux autres amis de voir si on est proche de chez eux. Ça invite parfois les gens à nous rejoindre", explique Marcelino, 21 ans, utilisateur depuis le début de l’été.

L’application est accessible à tous, sans contrôle d’âge. Brune, 17 ans, le confirme : "Je l'ai installée, il n'y a eu aucune vérification d'identité. On m'a demandé de mettre mon adresse e-mail, mon prénom, mon nom, et mon nom d'utilisateur. Ensuite, c'est très simple, tu commandes un verre, tu le prends en photo et tu le postes."

L'application encourage la consommation d'alcool

Il faut fouiller dans les conditions d'utilisation pour voir apparaître les rares messages de prévention comme : "Vous devez être âgé de 18 ans", ou "Nous recommandons une consommation modérée". Dans les faits, l’application encourage à la consommation. 

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Chaque photo d’alcool consommé est comptabilisée, puis comparée avec le débit des autres utilisateurs. "Il y a un petit graphique avec le nombre de verres qu'on a bu ou ce qu'on a bu le plus souvent sur l'application. Quand on a un verre de retard sur quelqu'un, on en reprend un pour équilibrer les scores", raconte Marcelino.

Ce positionnement est revendiqué par ses créateurs. "J'ai été bourré dans 7 pays différents cette année", raconte ainsi Daniel Minini, fondateur allemand de Beer Buddy, dans une vidéo promotionnelle publiée sur Instagram. Un discours qui séduit les jeunes, comme en témoigne la viralité de l’application.

Les professionnels de santé inquiets

Face à ce succès, les professionnels de santé s’alarment. "On fait de l'alcool un jeu, un concours, c'est à celui qui doit boire le plus. On revient aux jeux à boire qui sont très courants chez les jeunes adultes et les étudiants. Sauf que l'alcool est une drogue qui cause 49.000 morts chaque année en France. Il faut qu'on apprenne aux jeunes qu'on peut s'amuser sans forcément consommer de l'alcool", avertit Ketty Deleris, addictologue en région parisienne. Les risques sont bien connus : AVC, cancers ou encore hypertension.

Alerté, le ministère du Numérique a réagi. Contacté par RTL, il indique : "Nous avons signalé cette application au régulateur pour s'assurer qu'elle était bien conforme à la réglementation sur les services numériques, et en particulier l'interdiction aux moins de 18 ans. Nous avons également attiré l'attention du ministère de la Santé, compte tenu du risque pour la santé publique qu'elle pourrait représenter en encourageant à la consommation d'alcool."